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Citation de Aquilon62


Lorsque Gustav Oppermann s’éveilla ce 16 novembre, jour de son cinquantième anniversaire, le soleil était encore loin de se lever. Il en fut contrarié. Car la journée allait être chargée et il s’était promis de dormir tout son soûl.
De son lit, il distinguait le faîte de quelques arbres dépouillés et un bout d’azur. Le ciel était haut et clair, il n’y avait pas de brouillard, bien que ce soit fréquent en novembre.
Il s’étira de tous ses membres en bâillant. À présent réveillé, il rejeta résolument la couverture du large lit bas, balança ses jambes d’un mouvement souple pour se propulser hors de la tiédeur des draps dans le matin froid, et sortit sur le balcon.
Devant lui, son petit jardin en pente s’étageait sur trois terrasses jusqu’à la forêt, à droite et à gauche s’élevaient des collines boisées, un paysage touffu et vallonné se détachait aussi au-delà du terrain un peu plus loin, caché par les arbres. Une brise fraîche et plaisante montait du petit lac invisible sur la gauche, ainsi que des pins de Grunewald. Dans la paix profonde de l’aube, il savourait à pleins poumons l’air de la forêt. Du lointain lui parvenaient, assourdis, les coups d’une hache ; le son régulier ponctuait agréablement le silence. Comme chaque matin, sa villa enchantait Gustav Oppermann. Qui, transporté ici sans crier gare, penserait n’être qu’à cinq kilomètres de la Gedächtniskirche, au cœur de l’Ouest berlinois ? Vraiment, il a choisi pour domicile le plus beau coin de Berlin. Ici, il dispose de tout le calme de la campagne et pourtant de tous les avantages de la grande ville. Il y a quelques années seulement qu’il a construit et aménagé sa petite maison dans la Max-Reger-Straße, mais il se sent étroitement lié à la villa et à la forêt, chacun des pins est une part de lui-même, il ne fait qu’un avec le petit lac et la route sablonneuse là en bas, heureusement interdite aux voitures.
Il demeura un moment sur le balcon, s’imprégnant de la matinée et du paysage familier sans penser à grand-chose. Puis il se mit à frissonner. Il se réjouit d’avoir encore une petite demi-heure avant sa sortie quotidienne à cheval. Il regagna la tiédeur de son lit.
Mais il ne trouva pas le sommeil. Ce maudit anniversaire. Il aurait été plus malin de quitter Berlin pour échapper à tout ce remue-ménage.

(INCIPIT)
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