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Citation de Charybde2


On vit de peu. Quelques légumes, le cochon qu’on tue, qu’on sale, qu’on stérilise – et ils viennent à plusieurs pour le tuage, ceux du bourg qui savent y faire, Viveur le charcutier, d’autres encore qui perpétuent les anciens gestes ; même Jean Dieu joue son rôle dans le mystère : il faut, pour accompagner le boudin tiède à peine tiré de la marmite, de la moutarde et du pain frais, aussi pour l’occasion cuit-il une fournée de ficelles ; et Maît’ Louis débouche le bourgueil qu’un des tueurs va chercher à la cave, descendant l’escalier raide sur les indications du maître.
Le dernier cochon remonte à quelques jours.
Quelques jours d’avant la neige.
En général, c’est plus tard que l’on tue, vers janvier, février, quand le froid mat roidit mieux la viande. Mais là, l’hiver est arrivé plus tôt, figeant, sec, une grosse semaine avant la Noël. Mais le temps ne l’eût-il pas permis qu’il aurait, Maît’ Louis, tué quand même, pressentant leur venue – car ils allaient venir et pourrait-on décemment, chrétiennement, les laisser dehors avec la faim dans le ventre ? Il faudrait bien les nourrir s’ils devaient rester – sachant qu’ils resteraient bien sûr. D’ailleurs le porc était mûr dans la soue de planches ; un long goret pesant son bon quintal. Il avait fallu deux hommes pour le coucher au sol. Deux hommes au corps habile qui peuvent encore, eux autres, adosser un cochon contre terre et l’y maintenir tandis qu’il agonise et grogne, de l’écume à la gueule – et sa chair vibre de mouvements spasmodiques.
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