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Citation de Charybde2


Mais poursuivons notre visite. Cette fresque a une jumelle, qui la re-cadre, dé-cadre, comme diraient les occupants, en plaçant notamment en son centre le mot « procès » et surtout en accentuant le mot « virus », inscrit en très gros, aussi gros que le mot « formes » dans la première fresque, et en miroir, le mot « flux » repéré à plusieurs reprises. Comme si, au final, pour les occupants qui vous précédèrent, pour leur action, tout se jouait entre ces mots-là, virus, flux, formes, reprenant la trame d’une histoire qu’on retrouvera ailleurs, dans Le Décaméron de Boccace ou les textes du Comité invisible.
Si je m’autorise une note personnelle, je dois reconnaître un goût particulier pour la dernière fresque que nous découvrons enfin, à la fois plus iconophile et plus iconoclaste. On passera vite, voulez-vous, sur certains détails de la fresque pour nous attarder sur son trope dominant : le feu. Le feu partout, dessiné et écrit, prenant dans les arbres ou sur le bout incandescent d’une allumette, le feu apaisant du foyer et celui, effrayant, de l’incendie. La fresque joue de cette dichotomie entre maladie et guérison, feu et contre-feu, qui travaille les occupants.
Le risque, c’est la brûlure, du premier au dixième degré. Mais ces dix degrés sont aussi les dix étapes d’un manuel qui nous est offert et qu’il nous appartient de réinvestir. Car si la fin, la disparition, l’extinction semblent omniprésentes, et annoncées par cette inscription que je n’avais pas encore remarquée mais qui tout à coup me paraît bien significative : « or perish », « ou périr », le désir de survivre n’est pas moins fort, le désir de vivre malgré les virus, ou avec eux, malgré les flux ou avec eux.
« Trompe-la-mort », lit-on enfin, ici on trompe la mort, on la sait inévitable, on parle depuis elle, on parle déjà mort, mais depuis trois-quatre mille ans qu’on sait l’extinction inévitable, on sait aussi la tromper, on sait lui faire face, on sait la déjouer, c’est presque devenu instinctif : on reforme des liens perdus ou imaginaires, on se met à plusieurs, comme alors et comme aujourd’hui, et on se raconte des histoires. Voilà pourquoi nous sommes réunis. Mais ne croyez pas que c’est un petit truc sympa, blablabla, on se raconte des histoires, c’est mignon ces humains qui croient guérir d’eux-mêmes en se racontant des histoires. On ne met pas de pansements sur une écorchure.
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