Lionel Thouvenin

Il pouvait comprendre l’amertume du vieillard car il lui rappelait de mauvais souvenirs. Il y a longtemps l’homme en face de lui avait été un des mages les plus puissants du continent. Il avait même atteint le poste de Haut Mage responsable de la magie offensive de la Terre. Cependant un tragique événement avait fait basculer sa vie : sa famille avait été assassinée par des brigands. Il les avait pourchassés et il n’avait épargné aucun des responsables, rompant ainsi ses vœux de la Guilde. Normalement les mages ou apprentis qui étaient exclus de la Guilde pour quelque raison que ce soit, ne pouvaient plus exercer la magie car les Hauts Mages appliquaient une sorte de verrou magique, pendant une cérémonie très fermée, qui inhibait l’interaction magique entre le corps et l’environnement extérieur.

Cette forêt lui rappelait de bons souvenirs de son enfance : parties interminables de cache-cache, construction de cabanes, explorations des environs, découverte de la faune et la flore,… Mais c’était il y a longtemps et avant que son emploi du temps ne soit surchargé. Depuis bientôt quatre années, il devait se rendre en forêt plusieurs fois par semaine, à l'aube ou au coucher du soleil, pour couper du bois et le ramener à la scierie du village dans le but de payer ses études. Lorsqu’il avait posé candidature à la prestigieuse Académie de la Capitale des six Royaumes, il s’était dit qu'il avait de toute façon peu de chance de réussir le concours, et il s'était finalement résigné à travailler au village jusqu’à la fin de ses jours.

« Calme ! Ce ne sont que quelques loups ; continuons notre route ! »
Il ne voulait pas que ses hommes s'effrayent pour si peu. Leur mission risquait d'être beaucoup plus dangereuse. Et celle-ci ne pouvait pas être gâchée après tant d'efforts !