Quand le mot n'existe pas, les maux n'existent pas non-plus.
La vie des Noirs avant le mot "racisme" ou celle des Juifs avant le mot "antisémitisme" n'était pas la même. Les mots ne protègent pas de la violence, ne de la bêtise humaine. Mais ils la nomment et, surtout, ils délimitent. Ils instaurent un cordon de sécurité, comme une scène de crime. Au-delà de cette limite, votre attitude n'est plus valable.
Ce n'est pas la même chose d'exercer une violence en se sachant dans son bon droit ou en sachant que l'on commet un délit. Cela n'empêche pas le délit d'être commis, mais cela l'authentifie, le répertorie.