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Critiques de Loïc Josse (13)
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Ben, tuhuka de Ua Pou : Rencontre avec un c..



Les Marquisiens nous donnent une leçon de vie, de dynamisme culturel, de résilience collective et de tolérance. Ils sont les survivants d’un peuple qui devrait avoir disparu (il restait 2000 Marquisains en 1920 ) et les promoteurs d’une culture qui plonge ses racines dans le passé, pour mieux vivre le présent – une culture qui nous propose des pistes d’avenir.

«Sinon, la beauté des Marquises et tout ça, je laisse les touristes voir. Ils disent : «C’est bien, vous n’avez pas découpé vos montagnes comme à Tahiti ni mis des buildings comme à Hawai’i.» Pour l’instant… Pour l’instant le besoin n’est pas encore là. On est peu nombreux, on est encore loin du cœur, loin des yeux, ça nous protège aussi, cet éloignement de tout ce qui est constructible incontrôlable. Vous voyez les Marquises belles, sauvages, naturelles, dans leur splendeur. Et j’ai envie de dire pourvu que ça dure !...

Un très beau voyage et la découverte d’un peuple et de ses coutumes. Le tout raconté avec un incroyable sens de l’humour et de la dérision

Un auteur qui utilise des expressions savoureuses : L’argent braguette pour les allocations familiales.

Un récit empreint de poésie, telle celle des «oiseaux de la pleine lune».

Aux Marquises, nous avons ce qu’on appelle des filles-mères, c’est-à-dire qui ont eu des enfants avec des amours occasionnels et tout ça, et on appelle tous ces enfants les «oiseaux de la pleine lune». Donc ils ne sont pas reconnus, mais ils sont là, vivants. Ça a été fait amoureusement, un coup de foudre, peut-être dans la nuit de la pleine lune, puisqu’on les appelle les oiseaux de la pleine lune, en marquisien te tama a te ohutumui.

J’ai bien aimé les histoires et les légendes qui comme chez nous sont la pour nous apprendre l’obéissance pour les enfants en les effrayant, le respect de la nature pour certain mais aussi une certaine proximité avec nos mythes :

… Ensuite, tu as Mauike : autrefois, les Ènana mangeaient les aliments crus, seule la tribu de Mauike connaissait le feu. Mauike dévoile à son neveu, le pêcheur d’îles, Maui, que le secret du feu est dans sa tête. Maui avec son casse-tête lui fracasse le crâne dont sortent des étincelles, il possède le feu.

Nous ne sommes pas loin du mythe de Prométhée.

Mais c’est aussi l’histoire de tribus structurées avec des classes particulières et une connaissance parfaite de leur généalogie :

Et une classe particulière, les kaioi, en tahitien ‘arioi, les jouisseurs, c’est l’initiation à une vie heureuse, jouisseuse, avant de devenir adultes responsables. Cette jeunesse de quinze à vingt-cinq ans vit librement, elle est sexuellement libre, elle chante, danse, fait l’amour, et se déplace de vallée en vallée, et parfois d’île en île.

Si l’église leur a apporté le code Dordillon et ses interdits ethnocidaires, elle leur a aussi apporté l’instruction et transmit la mémoire de leurs îles et la préservation de leur langue grâce à ses études car les épidémies ont décimé la population.

Une belle découverte que ce peuple en harmonie avec son environnement, avec sa culture mais qui s’est ouvert au monde et fait face à l’avenir.

L’avenir n’est pas sombre, l’avenir sera… au hasard.

Les Marquises de petites îles qui ne manquent pas d’intérêt grâce au talent de Ben et de Loïc Josse qui nous ont conté ses habitants, ses paysages, ses légendes et ses hommes politiques qui ont bien défendu leur culture car même si ils se sont occidentalisés, ils ont décidé de retrouver leurs racines pour aller de l’avant. Partez à leur découverte.

Merci «Au vent des îles» et à Babelio pour le coup de cœur qu'est ce voyage au long cours.

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Drôles de marées

Un vrai plaisir à déguster comme une gourmandise ce livre sur les marées océaniques et plus particulièrement bretonnes avec tous les plaisirs et déplaisirs qui s'y rattachent !



Le suprême plaisir est pour moi la pêche à pied ! Consulter l'horaire des marées pour l'anticiper y participe grandement. Admirer le spectacle époustouflant des grandes marées est aussi une chose unique dont le plaisir ne s'épuise jamais !



Cette lecture donne envie de retourner naviguer même si talonnages et envasements ne furent pas sujets d'amusement à l'époque ! Sans parler du bout trop court à quai !



Le phénomène des marées est bien expliqué même si quelques termes auraient nécessité une note de bas de page ou une traduction. J'ai beaucoup aimé les explications sur les courants qui démontrent sans conteste que l'océan n'est pas une “petite chose” à prendre de haut !



Quelques redécouvertes de choses sues et oubliées, à vivre près de la Méditerranée et quantité d'anecdotes sur les maladresses, bêtises, ignorances ou questions idiotes font de ce livre illustré une bonne approche de la vie côtière pour les novices et une piqûre de rappel pour ceux qui sont loin et nostalgiques !



Challenge Multi-Défis 2023

Challenge Riquiqui 2023

Masse Critique février 2023

Lecture Thématique février 2023 : Animal sur la couverture
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Drôles de marées

Drôles de marées, drôles d'histoires également pour nous dire la magie des marées. Ce qu'elles permettent de découvrir, les problèmes qu'elles posent. Ce livre sympathique, et malicieux, nous raconte la complexité de de phénomène dont on ne ne lasse pas. Partie un peu technique au début mais vu avec humour comme tout ce qui va suivre. L'auteur s'amuse des avatars des touristes, de leur naïveté... La mer est une affaire sérieuse, il le narre avec nombres d'anecdotes; Pêches à pied ou non, "aventures maritimes", véhicules devenues amphibies ( et oui la marée on vous dit) !

Complété par quelques textes d'auteurs et illustré des dessins colorés de Nono - et aussi facétieux que le texte - ce livre vous apprendra à connaître un peu mieux ce monde étrange qu'est celui des gens de mer - avec une très large incursion en bretagne. Pour les néophytes il faudra faire quelques recherches car l'auteur n'explique aucun terme, mais le breton est heureusement traduit.

L'ensemble est très plaisant à lire, avec de nombreuses infos et un humour un peu moqueur. Je me suis plongée avec plaisir dans ses pages, je relirai certains passages pour apprivoiser un peu plus les marées.

Et si vous voulez savoir comment pêcher les lançons à faire à la tombée de la nuit, il faut un seau de cendre, un vent de face.... Et vous devinez la suite.

Bourré d'anecdotes on passe un bon moment avec ce livre qui ne se prend pas au sérieux.

Merci à masse critique babelio et à Locus Solus pour cet envoi apprécié.

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Marquises : Si lointaine terre des hommes

Petit voyage aux Marquises, Si lointaine Terre des Hommes, où j’ai été conviée par Babelio et son Masse Critique, avec comme guide Loïc Josse, l’auteur de ce petit livret publié par les éditions Nevicata dans la collection L’Âme des peuples : je vous remercie tous pour cet ouvrage qui ouvre les portes d’un pays mystérieux et méconnu : les Marquises, ou devrais-je plutôt dire, la Terre des Hommes, cet archipel sauvage perdu au milieu de l’océan Pacifique Sud, où l’on vous accueille avec un : Ka’oha nui, qui se traduit par : bienvenue à la Terre des Hommes…

Je rêve d’y poser aussi les pieds, et d’y plonger mon âme, dans ces terres sauvages et accueillantes, où se sont aussi réfugiés volontairement Brel et Gauguin.

Mais ici, dans cet ouvrage, point de conseils aux touristes, point de « best view to see », pas d’encouragement à jouer aux aventuriers de pacotille, mais un résumé de l’histoire de cet archipel loin de tout, mais souvent visité par les explorateurs et écrivains, jusqu’à en perdre presque totalement sa population et sa culture.

Son identité propre a été mise à mal, écrasée par les religieux, et les Enana/Enata, habitants de ces îles riches en bois de santal, en toute sorte de denrée exotiques (coco, mangue, épices) ont été spoliés, puis, par leur force de résilience, ont su renaitre et se retrouver, en misant sur la solidarité et l’entraide.

La France a fait beaucoup de mal à cet archipel, la Polynésie française ayant été le laboratoire de l'atome, et les indémnisations versées tardivement ont surtout servi Papeete et les Tahitiens.

Mais les Marquisiens ne se sont pas avoués vaincus, et sont toujours là, mettant tout leur mana à retrouver leurs racines et leur culture, et se tournant vers un tourisme vert et raisonné plutôt que vers une urbanisation outrancière.

Ce livre est tout petit, mais il est très dense d’informations, et se termine par des entretiens avec des figures majeures de l’avenir et du passé, indissociables dans ces lieux dont l'histoire est si intense et dont la transmission est essentiellement orale.

Souvent les hommes de passage ont écrit sur cet endroit, mais seuls quelques rares écrivains ont su saisir son essence, sa naissance, et de fait, l’âme de ses habitants, leur « mana », leur énergie, leur force.

Pour en savoir plus, lisez vous-même ce petit ouvrage, écrit par Loïc Josse, lui-même conférencier sur l’Aranui, le cargo qui relie Tahiti aux îles Marquises, car je ne vais pas ici, retracer toute l'histoire de ce peuple en marge, elle est trop détaillée, et je ne vais pas me lancer dans une litanie de dates.

Sachez seulement que le livret vaut le détour pour ceux que l'Âme Marquisienne intriguent, et qui rêvent, comme moi, de fouler un jour ces Terres ancestrales et sauvages...

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Drôles de marées

Immersion dans les marées, direction la Bretagne et ses phénomènes haut en couleur ! Au milieu des dessins forts comiques de Nono, des anecdotes disséminées par-ci par-là et d'une certaine ironie envers les touristes quelques fois ignorants (autrement dit, les Parisiens !), l'auteur nous invite à nous plonger la tête la première dans ces marées qui sont plus complexes et capricieuses que l'on ne le croit. Ce livre nous dévoile les surprises que la marée basse nous offre lorsqu'on va au bas de l'eau (ôbâdlô), muni de seaux et de râteaux, mais aussi de ses surprises moins agréables (ne négligez pas vos manœuvres lors de l'échouage !). Pour naviguer, la connaissance des marées est indispensable, et on a l'occasion d'avoir de nombreux passages illustrant très bien les multiples quiproquos que la marée haute a pu provoquer, en en surprenant plus d'un !



Les notions scientifiques se mêlent à la poésie des marées et du changement constant de paysage qu'elles entraînent, et font de cet essai une vague qui nous plonge dans cet univers de marins, des "culs-salés", qui permet de mieux appréhender ces phénomènes pour ceux qui n'ont pas été bercés au rythme battant des vagues salées. Qui sait, peut-être qu'à l'avenir, on entendra moins la phrase "ils sont fous ces Bretons !"



Je remercie Babelio et les éditions Locus Solus pour m'avoir fait découvrir ces drôles de marées.
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Marquises : Si lointaine terre des hommes

Livre reçu dans le cadre de l'opération « Masse Critique » de Babelio que je remercie ainsi que les éditions mentionnées.



Notons tout d'abord que ce livre n'est pas un guide touristique, ni un récit de voyage, encore moins une nouvelle.

Ce petit format de texte se rapproche d'un essai-témoignage mêlant histoire, sociologie, économie et politique dont les deux parties compose l'aperçu. 

La première raconte l'attachement de Loïc Josse à une terre qui représente une rencontre, du fait de son passé "sauvage", de son présent fort de sa résilience et de son avenir fier de son authenticité.

Écrit dans une prose claire, et modeste, il s'agit davantage d'un constat que d'un partage d'émotions personnelles que l'on devine pourtant sous-jacentes. Ni exotisme superflu et trompeur, ni éloge dithyrambique. On regrette cependant certains détails manquants, sur la vie quotidienne, la faune, la flore, etc. L'insertion des mots marquisiens donne le relief du vivant à l'ensemble.

Les rapports sont simples : "Le tutoiement est généralisé et "naturel" en Polynésie. le vouvoiement peut apparaître comme distant, voire hautain"(p 61, note ). Quant à la notion du temps, le présent et le passé se confondent (p 75 ). C'est un état de la langue qui semble vouloir garder présent les évènements et renforcer ainsi la transmission directe, l'enseignement et la culture, par la tradition orale.

La deuxième partie est constituée de trois entretiens, complémentaires par la spontanéité de la conversation et la personnalité des intervenants. 



Cette terre peu peuplée est la plus isolée au monde. Elle a attiré des voyageurs célèbres tels que Herman Melville, J. L. Stevenson ou Jack London, puis Victor Segalen, Paul Gauguin et Jacques Brel (dont je recommande la chanson Les Marquises), ces deux derniers y étant enterrés.

La solitude a deux conséquences : un atout et son revers. Elle a maintenu le caractère unique de ce peuple qui en garde la fierté. En revanche, elle le fragilise à l'heure de la mondialisation.

L'avenir dira si Les Marquises deviendront aussi recherchées que Tahiti, son référent le plus proche dans l'archipel polynésien français.
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Ben, tuhuka de Ua Pou : Rencontre avec un c..

Les îles Marquises furent découvertes en 1595.

Ça, c’est d’un point de vue occidental, car l’archipel Te Hunua Ènana était habité bien avant l’arrivée de ces pseudo-découvreurs. Et c’est exactement pour cela que j’aime et trouve important de lire des littératures étrangères, pour faire ce pas de côté et découvrir le point de vue d’autres cultures, et parfois voir la nôtre à travers leur regard extérieur.



C’est donc une plongée dans la culture marquisienne que nous propose Benjamin Teikitutoua, derrière qui l’auteur Loïc Josse s’efface complètement pour lui laisser terrain libre. J’ai beaucoup aimé rencontrer cette personnalité intéressante et très humaine. Son style frais tout en oralité laisse entendre le conteur, et à un moment même le chanteur. On devine les intonations et les émotions derrière ces mots retranscrits et j’ai beaucoup apprécié ce ton vivant qui nous entraîne dans une multitude d’anecdotes qui donne vie à cette culture que je connaissais trop peu.



La première chose que j’apprends, c’est la place centrale de la religion catholique dans la culture marquisienne. Colonisées par la France en 1842, les Marquises se voient appliquer en 1863 le code Dordillon, du nom de l’évêque régissant ces îles. Celui-ci punit toute manifestation de la culture marquisienne. Il y a une véritable violence dans cette volonté d’acculturer tout un peuple. Ben raconte que dans son enfance (dans les années 1960), le curé avait une telle emprise sur les gens qu’ils avaient plus peur de lui que du diable.

De ce que décrit Ben, le rapport de la population à ce colonialisme n’est ni tout noir ni tout blanc. Le peuple marquisien dépérissait de famines et d’épidémies, et les Français ont occupé un rôle de sauveurs tyranniques. Les habitants ont tout de même voté « oui » au référendum de 1958 pour intégrer la Polynésie française.



L’aspect qui m’a le plus intéressée dans ce livre, c’est lorsque Ben décrit le long processus d’émancipation culturelle des Marquises par rapport à Tahiti et à la France, qui a débuté dans les années 1980. Ben semble d’ailleurs y avoir joué une place de premier plan aux côtés d’autres enseignants revenus à leurs îles natales, avec aussi l’appui important de l’évêque de l’époque. Ce dernier, grand passionné de culture marquisienne, attendait avec impatience que celle-ci se « réveille ».

Plutôt que d’opposer ancienne culture et culture catholique, il s’agit de faire marcher les deux main dans la main. Comme Ben aime à le répéter : il faut nager avec le courant et non contre.



Réveiller la culture d’accord, mais qu’est-ce que la culture ? Les Marquisiens n’avaient pas de mot pour illustrer ce concept flou (« Euh, vous voulez parler d’agriculture ? »). Ce qui fait la spécificité de la région ? Il y a donc un immense travail à entreprendre pour préserver, redécouvrir, collecter, se réapproprier, recréer et diffuser les divers aspects culturels propre aux îles Marquises : langue, tatouage, chants, danses, Histoire, cuisine, techniques, légendes, spiritualité, sculptures, tressage, mœurs (en dehors du cannibalisme !)…



La culture commence avec la langue. Èo ènana, la langue marquisienne, est en danger de disparition à force de se mélanger au tahitien et au français. Ben raconte comment il a participé à la création d’une académie marquisienne pour promouvoir la langue et créer des mots pour les concepts nouveaux.



La même idée de préservation et recréation a été appliquée aux chants et aux danses. Ben a fondé un groupe de jeunes danseurs pour représenter les Marquises aux spectacles du festival de Polynésie, alors que l’archipel était considéré comme étant déjà englobé par les représentations de Tahiti. Cette initiative a redonné vie aux quelques danses traditionnelles marquisiennes ayant été conservées, et par la suite elles ont inspiré de nouvelles créations.

Il y a aussi des recréations de danses perdues. Concernant le « haka toa » néo-zélandais mondialement connu, Ben fait remarquer qu’en marquisien il y a aussi les mots « haka » (danse) et « toa » (guerre), ce qui peut laisser penser que les Maoris l’aient héritée des Marquisiens.

L’Histoire des Marquises avant l’arrivée des Européens reste par ailleurs assez méconnue, et des recherches récentes (années 2010) en linguistique et génomique tentent de retracer les migrations des peuples de Polynésie.



Il y a également la redécouverte des tatouages marquisiens, centraux dans la vie sociale pré-coloniale, puis interdits sous Dordillon et peu à peu oubliées depuis. Les motifs des tatouages et leurs sens ont heureusement été compilés par un ethnologue allemand, mais cela signifie donc que les Marquisiens doivent se réapproprier leur propre culture à travers ce que d’autres peuples ont pu écrire sur eux.



Ensuite, lorsque l’on parle de la culture d’une région, la cuisine est souvent citée. Ben évoque son enfance au cours de laquelle la faim n’était pas rare. Pour trouver de quoi se nourrir, cela nécessitait des connaissances du milieu et des techniques : construction de pirogue, lieux où pêcher (indiqués par la légende du Taikahano), pêche de dauphins (plus d’actualité car tuer n’est plus nécessaire pour survivre), pièges à poules sauvages, élevage de cochons (propriétaire d’un troupeau et non d’un territoire), lieux de cueillette de fruits… Ben donne aussi beaucoup de recettes de cuisine marquisienne.

Il existait des « tapus » interdisant à certains moments et endroits la pêche, la chasse ou la cueillette, ce qui laissait le temps aux ressources limitées de se régénérer. Mais aujourd’hui, le commerce mondialisé dérègle fortement cet équilibre écologique et nuit à l’auto-suffisance des îles.



Pour ce qui est de la spiritualité, la religion catholique n’a pas supplanté toutes les croyances des Marquisiens. Il y a notamment des superstitions autour de l’arbre sacré censé éloigner les mauvais esprits. Ou encore, les tikis, qui représentent l’humain-dieu, le premier homme à l’origine de l’humanité. Les sculptures de tikis sont prétendument chargées de « mana » ; ce que les courants New Age occidentaux désigneraient sans doute par le terme fourre-tout d’« énergie ».



Et une dernière anecdote avant de conclure sur mon avis ! En langue marquisienne, il n’y avait pas de mot pour dire « merci », du moins pas avant l’importation de ce concept par le tahitien et le français.

Leur culture du don et contre-don (le « potlach ») amène parfois à donner à l’excès afin d’asseoir son prestige et de créer une dépendance, mais cela peut aussi devenir très ruineux (surtout face à des colons ayant d’autres mœurs !). Ben s’interroge : « Le fait de dire merci, pour vous Européens, ça signifie quoi ? C’est une façon de se débarrasser de la culpabilité de recevoir ? J’ai été reçu par toi, j’ai été gêné, je te dis merci pour le dérangement. » (p.294)







Pour conclure, j’ai adoré découvrir les Marquises (ou plutôt Te Henua Ènana), ce fut un très bon moment de lecture. Cette immersion était passionnante et me donne envie d’en apprendre bien plus sur cette culture riche qui a traversé l’acculturation, l’oubli puis le réveil.

De nos divergences de mentalité, j’en retire de la richesse et davantage de curiosité, et je suppose que c’est exactement le message que Ben souhaitait faire passer, du peu que je le connais à travers ses mots retranscrits.

C’était une très belle rencontre avec Ben, tuhuka de Ua Pou, et si vous souhaitez comprendre la signification de ce titre, je vous recommande chaudement de lire ce livre !
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Marquises : Si lointaine terre des hommes

Merci à l'équipe Babelio et aux éditions Nevicata pour l'envoi de ce livre. Je découvre avec beaucoup d'intérêt cette collection l'âme des peuples dont le format m'a séduite.



Sur le site des éditions, la collection est présentée ainsi : "Des petits livres tout en nuances pour décoder les ressorts profonds d'un pays, d’une région ou d'une ville. Un récit de voyage suivi d’entretiens incisifs et éclairants, mêlant vie quotidienne, actualité, histoire et culture." Ce paragraphe résume bien la teneur de ce livre.



Cet ouvrage permet de retracer l'histoire des Marquisiens, de trancher entre la vision rapportée par les voyageurs occidentaux et la réalité, de découvrir les influences et les réappropriations culturelles mais aussi le réveil identitaire des nouvelles générations.



La première partie de Loïc Josse m'a emportée dans un lieu que je ne connaissais pas tellement en dehors des représentations occidentales et des clichés séculaires. La suite est composée d' entretiens avec différents intervenants (archéologue, militante écologique...), témoignages qui soulèvent des problématiques historiques ou contemporaines. L'ensemble propose une réflexion, une invitation au voyage, à s'ouvrir aux autres et à porter un regard différent de celui évoqué par les cartes postales.



Un livre qui donne envie de s'évader à la découverte des habitants des Marquises, qui peut parfois s'avérer complexe si l'on ne connaît pas suffisamment ces lieux ou cette culture.
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Cap-hornier. Odyssée d un marin entre deux si..

Un joli ouvrage que j'ai déniché lors du Festival des Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, et qui revient sur la vie extraordinaire d'Yves Menguy, un officier breton de la marine marchande qui surmonta plus d'une vingtaine de fois les écueils du Cap Horn, rejoignant le club de plus en plus fermé des "Cap-Horniers".



On y apprend la relation de je t'aime moi non plus des Cap-horniers avec l'Albatros, cet immense oiseau qui attendrit Baudelaire, le développement de la pêche à l'Islande, la cruelle pratique du "shangaïage" (faire boire ou droguer les marins à outrance, et les embarquer de force sur des navires) et l'on suit la biographie d'Yves Manguy, capitaine de la marine marchande qui fit de nombreux allers-retours entre Saint-Malo et le Chili pour en rapporter nitrate, guano et bois, et se reconvertit par la suite en remorqueur, puis en chercheur d'épaves avant de devenir officier des ports de Douarnenez et de Saint-Malo.



Un bel hommage à un pan de l'histoire maritime de la Bretagne agrémenté des beaux dessins de Benoît Colnot, même si j'ai parfois regretté l'adulation sans bornes que voue l'auteur à l'objet de sa biographie, et ses piques non dissimulées contre certains personnages, et notamment Pierre Loti.
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Drôles de marées

Merci à Babelio et aux éditions Locus Solus pour cet envoi de Masse Critique! L'ouvrage est très plaisant à lire, l'écriture est souple et pleine d'humour, gentille ( ou consensuelle). Loïc Josse raconte comment les marées rythment le vie des gens et de la nature, que ce soit côté promenade, pêche, plaisance (quelques cocasses histoires d'échouages de bateaux... et de voitures! les mésaventures des véhicules de gendarmeries feront sourire toustes celleux qui auront eu affaire aux pandores), écologie...



Beaucoup d'histoires sont bretonnes, avec un peu de côte atlantique; parfois on s'égare près de Marseille ou Monaco pour montrer à quel point la marée est un phénomène local et variant selon l'endroit, c'est très instructif: la mer n'est pas la même pour tous, surtout à cause de la marée!



S'il commence par le volet scientifique de la marée, on arrive vite aux anecdotes, souvent illustrées par les caricatures de Nono. Je dois dire que ces dernières participent très grandement au plaisir de lecture, tant je trouve qu'il est rare que les livres de non-fiction qui ne sont pas de beaux livres d'art, soient illustrés. Le trait est proche du dessin de presse et des gros nez ( un peu à la Florence Cestac) et ponctue des plus agréablement la lecture!



En bref je recommande chaudement! si vous aimez la plage, avez envie d'un peu de légèreté et de changer des polars comme lecture de vacances, Drôles de marées vous apportera bien du plaisir! ^^

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Ben, tuhuka de Ua Pou : Rencontre avec un c..

J' ai obtenu ce livre en participant à masse critique et j'étais content de le recevoir d'autant plus que j'ai vécu à Tahiti pendant 4 années pendant mon adolescence il y a plus de 30 ans et que j'ai adoré la culture polynésienne et ses habitants.

Donc le livre reprend le témoignage de Ben, de son enfance aux Marquises, à sa scolarisation,sa vie professionnelle en tant qu'instituteur et son retour aux Marquises pour instruire ses semblables.

L'écriture est particulière puisqu'elle reprend le langage parlé de Ben donc on retrouve des fautes de syntaxe mais ça donne un certain charme puisque qu'on est plus proche du conteur, comme si celui-ci nous racontait un peu ses souvenirs directement au bord de la plage,une bibine ( euh une hinano) à la main .On retrouve des noms et mots marquisiens également de façon régulière et pour celui qui n'est pas habitué c'est sans doute un peu pénible à lire( la langue polynésienne faisant une part belle aux voyelles.Exemple le Maire de Faa'a à Tahiti mais là c'est simple à dire.😁.) Non ce qui est gênant dans ce livre c'est que les souvenirs de Ben et anecdotes ne sont pas toutes bien détaillées.On à l'impression que parfois c'est tellement vieux que finalement il n'a pas grand chose à nous raconter. Un peu comme si j'essayais de vous résumer mes souvenirs de maternelle. J'aurais pas grand chose à vous raconter et sinon de manière très vague. C'est le cas de son enfance, on apprend qu'il n'y avait pas d'électricité, que la vie était très simple sans les apports de la modernité mais guère plus. Sur la partie où il tente de nous expliquer la vie bien avant lui dans les vallées aux temps anciens ne fourmille pas vraiment de détails.La partie la plus intéressante finalement reste lorsqu'il nous explique l'influence du catholicisme sur les Marquisiens et que finalement c'est un peu grâce à eux qu'ils ont pû accéder à l'instruction et finalement retrouver leur culture.

Bref on apprend un peu mais on ressent un manque dans le sens où ça ne fourmille pas de détails et qu'on à plus l'impression de survoler l'évolution des marquisiens sur plusieurs centaines d'années.De plus certaines anecdotes sont redites dans divers chapitres ce qui finalement renforce le côté qu'il n'y a pas toujours grand chose à dire.Les anecdotes concernant la rencontre de Ben avec Jacques Brel ou Giscard d'Estaing peuvent se résumer à quasiment 2 phrases par exemple, tellement il y a peu à dire.Bon finalement pour être franc je dirais que je suis allé au bout de ce livre juste pour donner une appréciation pour masse critique sinon je pense que je l'aurai lâché avant la fin.
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Drôles de marées

Merci à Babélio et aux éditions locus solus de m'avoir offert ce livre.

Comme le dit l'auteur en conclusion, ce petit livre distrayant qui se lit en 2 jours, n'est pas un "corpus scientifique" ni un "savant traité" - quoique le 1er chapitre explicatif du phénomène soit plutôt bien fait - mais plutôt une collection d'anecdotes plus ou moins drôles, souvent sur le dos des "touristes" ignorant du phénomène des marées ou des autorités à même de limiter les excès de certaines gens de côte (gendarmes maritimes, douaniers..) mais aussi heureusement incidents de navigation (dus à la fluctuation du niveau d'eau) arrivés à des connaissances de l'auteur ou à l'auteur lui-même.

C'est un livre de copains d'abord qui aiment naviguer, bien boire et manger et bien rigoler, et les dessins bon-enfant de Nono sont bien dans l'esprit du bouquin (mais je préfère quand il dessine des crustacés). Dans le titre l'adjectif "drôles" est important car c'est principalement sous l'éclairage de l'humour que le propos est sélectionné.

Vers le milieu je commençais à être un peu lassé de ces histoires flirtant avec un chauvinisme ("breton") très moqueur au détriment des "Parisiens", voire des "Rennais" ( c'est dire l'état d'esprit de certains gars d'la côte, comme si la plupart d'entre eux n'étaient pas des gens issus de petits pays partis dans les 2 capitales pour des raisons professionnelles) bref, heureusement la fin du livre évoque quand même un peu l'aspect écologique, énergétique, économique du sujet, ça relève le niveau (d'eau) je trouve? Les passages plus "sérieux" et bien écrits m'ont le plus plu.

Au final un petit livre sans prétention excessive de coefficient moyen qui aura appris au gars-de-la-côte (bretonne)-rennais-obligé-et-qui-a-de-la -famille- dans-la-région-parisienne au moins 2 dictons.

Même si je sais qu'à cheval donné on ne regarde pas les dents, j'ai trouvé que le livre au papier épais et assez grand format manquait un peu de souplesse et que le bref (heureusement) "texte" d'Eugène Riguidel manquait vraiment d'intérêt (marée basse)..

Un lexique de termes marins aurait été le bienvenu pour limiter le côté "on se gausse des autres entre nous"(qui connaissons tous les termes marins).
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Drôles de marées

"Prenez donc le temps de savourer ces histoires, de vous remémorer les vôtres et de mesurer combien les marées habitent nos vies'', nous recommande Isabelle Autissier dans la préface. Et c'est ce que j'ai fait au cours de cette lecture qui donne immédiatement envie d'aller faire une balade à la plage, notamment sur les côtes bretonnes.

On plonge dans les plaisirs du bord de mer, on profite du spectacle de l'estran ''avec cette multiplicité de derrières en l'air'', on patauge dans l'eau, on va à la pêche aux pieds de couteaux, qu'il s'agit de duper en leur faisant croire que la mer est en train de remonter (une pincée de sel et le tour est joué, enfin paraît-il)... Et bien sûr, on n'oublie pas de consulter l'horaire des marées...

Il ne faut surtout pas rater le spectacle grandiose des grandes marées. On en prend plein les yeux. Certains n'hésiteront pas à se lancer dans la navigation, mais attention à ne pas s'envaser...

De nombreuses anecdotes font sourire le lecteur au fil des chapitres, des textes d'auteurs s'intercalent entre les différents chapitres sur des pages roses facilement repérables, les aventures liées au marées sont multiples, il y en a pour tous les goûts, le tout agrémenté de dessin humoristiques : "Quand la mer baisse, les rochers montent. Et quand les mouettes ont pied, il est temps de virer.''

Une lecture que je recommande à ceux qui ont envie de respirer l'air du large depuis leur canapé !

Je remercie les éditions Locus Solus et Babelio pour cette lecture originale.
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Qui a porté pour la première fois à l’écran les aventures du « renard rusé » vêtu de noir, Zorro ?

Duccio Tessari
Fred Niblo
Martin Campbell

12 questions
38 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , cinema , personnagesCréer un quiz sur cet auteur

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