Aussi bien que son public, l'Estampe eut ses artistes à part. A travers leur biographie incertaine et l'incertaine chronologie de leurs oeuvres, on voit ces provinciaux qui abandonnent d'humbles professions pour la peinture, et qui, après un court passage dans l'atelier d'un artiste de l'École Kano ou chez quelque maître de l'estampe, se risquent à innover; quelques-uns sont des transfuges des écoles classiques, comme Yeishi; le talent de tel autre paraît avoir été reconnu par les grands de ce monde, mais le plus souvent, sortis du peuple, ils vivent avec lui et chichement, en querelle avec leurs graveurs qui trahissent leurs intentions, avec leurs libraires toujours lents aux commandes et aux paiements, avec leurs rivaux qui les plagient et parfois avec l'autorité qui les emprisonne.