Louis Courlet

En 1914, Monsieur Piroutet attribue les salines à un groupe ethnique qu'il nomme "groupe d'Alaise", pour les différencier du groupe voisin des "Moidons", il écrit "d'où vient ce groupe d'Alaise? Celui-ci se trouve à son apogée de puissance et de richesse due à la possession des sources salées de Salins..."
Il fait la liaison de ces salines avec les champs de tumulus d'Alaise-Amancey, et en arrive à la voie de passage obligée "La Lanquetine".
On lit, dans une revue d'étude philosophique:
"Pendant au moins 1000 ans avant l'ère chrétienne, de nombreux Druides et Rois y furent enterrés dans la terre salée qui préserve de la pourriture."
En 1854 déjà, le docteur Germain précisait : " Il est hors de doute que les sources minérales de la saline de Salins furent exploitées par les Druides avant la conquête des Gaules."
"L'homme peut vivre sans or, mais il ne peut pas vivre sans sel." (César)

Depuis plus d'un siècle, l'on peut dire qu'une deuxième bataille d'Alésia a lieu. Oh! une lutte qui a seulement fait couler des fleuves d'encre certes, mais, qui n'en a pas moins une grande importance pour l'histoire de la France.
Que de paroles ont été prononcées, que de polémiques ont été suscitées, que de passions ont surgi!
Chacun y allant de son patriotisme local, les controverses ont été très vives.
Bourguignons sûrs d'eux et entêtés, face à des Franc-Comtois qui ne le furent pas moins.
En 1674, durant la conquête de la Franche-Comté, Vauban n'écrivait-il pas : "Je crois qu'en (aucuns) lieux du monde les paysans ne sont si opiniâtres qu'en ce pays-ci" (Revue historique des armées (1978))
En réalité, il ne s'agissait pas que des paysans, mais de la province entière!
Ne dit-on pas depuis des siècles: "Comtois, rends-toi! ...Nenni, ma foi!..."

Sur la lisière du Mont de la Chaux, du côté qui fait face à Flagey, une importante tombe d'environ douze mètres de diamètre, qui avait déjà fait l'objet d'un essai de fouilles vers les années 1840. "Nous en résolûmes, dit Castan en 1864, suivant notre méthode, la démolition complète. A peine cette opération était-elle commencée, que quelques vieillards de Flagey parurent s'en inquiéter; nous apprîmes bientôt que nous sapions la base ordinaire et consacrée du feu de joie qu'on appelle la Chevanne."
[...]
"L'occasion était belle pour nous édifier sur le cérémonial de la Chevanne; on ne saura pas mauvais gré de reproduire ce que les habitants de Flagey nous ont appris. Chaque année, le soir du dimanche qui suit le carnaval, les jeunes gens du village amassent du bois de genévrier et en forment, sur le tumulus du Mont de la Chaux autant de bûchers qu'il y a eu de bénédictions nuptiales depuis la dernière Chevanne. Les jeunes couples s'y rendent ensuite, et chacun met le feu au bûcher qui lui est dédié. Pendant que le feu dévore les genévriers, les époux se mêlent aux jeunes gens, et tous dansent au rond autour du tumulus. Dès que le feu est éteint, on retourne au village, et les mariés se cotisent pour offrir à boire et à manger aux jeunes gens. Le plat fondamental et essentiel de ce repas consiste en pois grillés: de là les dénominations de dimanche des Picrés, dimanche des Pois, qui remplacent en Franche-Comté le vocable plus généralement adopté de dimanche des Brandons."

En 1953, un orage dévasta le défilé de la Lanquetine et fit découvrir les voies romaines et gauloises. Une voie romaine a remplacé une route gauloise à ornières pour char, et à escaliers pour chevaux creusés en plein roc. La route romaine allait à Lizine, on la retrouve à l'ouese du bois des Ormes passé le Lison. La route gauloise n'est pas très connue à partir du bas de La Lanquetine. Des traces en auraient été repérées dans la combe Bernon, direction Alaise.
[...]
La réalité était donc autre, de qu'affirmait un archéologue en 1909: la rainure n'était ni un fossé, ni un écoulement naturel des eaux: c'était une route gauloise empruntant La Lanquetine! Comme quoi, personne ne peut être formel lorsqu'il découvre un site quel que soit le lieu ou le vestige, un doute substitue toujours.