Ibn Rushd (Averroès) (m. 595/1198). – l’Hostilité d’Ibn Rushd, cadi des cadis mâlikite en même temps qu’aristotélicien insigne, à l’égard de la mystique, est connue ; et nous avons vu qu’un des motifs de son animosité envers Ghazâlî est « qu’il avait voulu excuser Hallâj ». Cependant, dans son tahâfut al-tahâfut, au chap. XIII, on rencontre ce curieux passage, à propos de la science divine cause des créatures : « les créatures ont donc deux existences (wujûdâni) », l’une supérieure ( = dans la science de Dieu), l’autre inférieure (ici-bas), et la supérieure est cause de l’inférieure ; c’est pourquoi les (philosophes) anciens ont dit « le Créateur est la création toute entière, Il en est le bienfaiteur et l’agent » ; et c’est le sens de la parole des maîtres sûfîs ( = Hallâj, suivi par Ghazâlî) : « lâ huwa illâ Huwa », « il n’y a d’il que Lui ». Et il ajoute que cette formule est pour ceux-là dont la science est solide, qu’elle ne figure pas dans l’enseignement du droit canon, et ne doit être révélée qu’à ceux qui en sont dignes. (tome II, p. 433)