La blessure est toujours là, comme de la braise qui ne s’éteint pas. Et après chaque nouvel échec amoureux, je me demande à quoi ma vie aurait ressemblé si je n’étais pas tombée amoureuse de Ben à vingt ans.
Les regards constants et impudiques des gens (surtout des hommes) me rendaient folle et je n’arrivais pas à m’habituer au bruit que font des hommes et des femmes en crachant n’importe où et n’importe quand le liquide rouge du paan. J’avais souvent l’impression désagréable d’être la seule adulte présente lorsque je me retrouvais avec des gens à la candeur troublante et une façon de ne rien prendre au sérieux (en apparence) qui me faisait me sentir guindée et trop raisonnable, m’offusquant de tout et de rien, voulant mettre de l’ordre là où il n’y en aurait jamais, avec des attentes de politesse, de propreté, de justice et d’égalité dont les adultes-enfants se moquent !
La joie nous a portés pendant plusieurs semaines, mais le concret nous a vite rattrapés. Ce qui avait semblé romantique et léger ne l’était plus autant. Après la fougue et mon désir fou, mes craintes ressortaient maintenant, de jour et de nuit, et accaparaient mon esprit. Je me sentais vulnérable et j’avais peur : peur de faire une fausse couche ou que l’enfant naisse avec de graves problèmes de santé ; peur que tu me laisses comme Hannah, ton ex. Puis tu as emménagé chez moi et les choses se sont tassées tout doucement. Tu étais présent et attentif. J’éprouvais de plus en plus souvent un sentiment de paix profonde.
À la recherche depuis plus de trois ans d’un amoureux avec qui réaliser mon rêve d’avoir un enfant, et devant l’insuccès des méthodes classiques, je m’étais inscrite à contrecœur sur des sites de rencontre. Ceux-ci m’avaient bien permis de faire la connaissance d’un nombre impressionnant d’hommes mais, malheureusement, aucun d’entre eux n’avait éveillé en moi suffisamment de désir. J’étais désespérée, mais pas au point de coucher avec n’importe quel homme m’offrant « généreusement » de me faire un enfant.
On s’attend rarement à l’amour, comme on s’attend rarement à la mort. Quand ils surgissent, on est souvent pris au dépourvu. Pour l’amour, à moins d’avoir un coup de foudre, on peut parfois ne dire ni oui ni non et prendre le temps de réfléchir. Pour la mort, soit on la nie et on souffre, soit on l’accepte et on souffre quand même.
Dans les applications de combat, comme dans la vie, il faut savoir agir de la meilleure façon qui soit dans la situation donnée. Y parvenir exige attention, concentration et persévérance. Si vous tombez, relevez-vous, et si vous vous trompez, continuez. C’est ainsi que l’on apprend.
« Le taï-chi ne s’apprend pas dans les livres. Il faut le faire, encore et encore, c’est la seule façon. Et puis parler de moi ou de vous n’a aucun intérêt. Je transmets simplement la tradition et vous en faites autant. »
L’Inde est unique. Tout le monde le dit, les Indiens y compris, et je pense que c’est vrai. Je me dis souvent qu’ils sont fous, ces Indiens, mais que leur folie est contagieuse.
Quand on attend à quarante ans pour avoir un premier enfant, on doit pas s’étonner que ça se termine mal.
Le passé est le passé, et nous ne pouvons rien y changer.