Au cours du repas une douce euphorie s'empare de notre assemblée, à intervalles réguliers mon regard rencontre celui de Marie, assise en face de moi, chaque échange m'apparaît comme un point de tricot tissant entre nous une complicité nouvelle et bientôt plus rien ne compte pour moi que ce regard qui aspire le mien, très vite je comprends qu'il en va de même pour elle et si nous écoutons les conversations qui roulent bon train, si nos corps vont jusqu'à mimer l'attention voire l'intérêt pour les propos échangés, j'ai la certitude qu'il s'agit là d'un jeu destiné à masquer notre désir, à l'attiser peut-être, en attendant de le mettre à l'épreuve.