Les Européens d’autrefois étaient des envahisseurs, on l’oublie trop souvent. Ils avaient bousculé les Amérindiens en s’installant chez eux et, pire, ils leur avaient apporté une foule de maladie.
Non loin du village de Saint-Jean-Port-Joli vivait il y a bien longtemps une femme étrange.On la disait de sang mêlé,mi-amérindienne,mi-blanche.Elle demeurait dans une cabane de bois près du fleuve et subsistait grâce au produit de sa pêche.
Certains racontaient l’avoir aperçue, par un soir d’orage violent, dans une transe bizarre. Elle chantait et gémissait sous la pluie.Des bouteilles d’alcool vides traînaient près de sa porte.Depuis,on la surnommait la mère Ti-coup.
Prenait-elle un verre de trop? Personne n’osait l’affirmer avec certitude.De mauvaises langues parlaient d’elle comme d’une sorcière.
Les Européens d'autrefois étaient des envahisseurs, on l'oublie trop souvent. Ils avaient bousculé les Amérindiens en s'installant chez eux et, pire, ils leur avaient apporté une foule de maladies.
La mère Ti-coup vaquait à ses occupations sans révéler la moindre parcelle de sa vie.Ce que tous savaient, c’est qu’elle prédisait l’avenir et connaissait les vertus des herbes comme pas une. Dans le plus grand secret, les habitants du coin venaient parfois la consulter. La rumeur courait selon laquelle même des gens du manoir seigneurial faisaient appel à ses services pour tenter de connaître leur destin.
Comme elle était fille d’un riche marchand et douée pour les études, sa famille avait décidé qu’elle serait mieux dans un monastère qu’avec un mari médiocre.
On mourra ensemble, Ernest et moi, si le mauvais sort tombe sur nous. C’est encore mieux que d’être séparés.
Il n’y a pas de prix pour l’amour, mon enfant, répondit-elle.
Mais, pour réussir, je dois me faire passer pour un garçon.
L’amour embrase le corps et l’âme.