AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.13/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 10/03/1881
Mort(e) à : Paris , le 29/01/1959
Biographie :

Luc Durtain, de son vrai nom André Robert Gustave Nepveu, est un poète, romancier, auteur dramatique et essayiste français.
Il fut médecin et il participa au Groupe de l’Abbaye, créé en 1906 et dont l’esprit (communautariste et empreint de générosité) se poursuivit dans l’unanimisme de Jules Romains. Il restera ami avec Charles Vildrac et Georges Duhamel, deux des fondateurs de ce phalanstère littéraire.
À partir des années 1930, Luc Durtain se présenta comme un "écrivain en voyage" : il effectua en effet plusieurs voyages autour du monde, notamment en compagnie du sociologue Phan Bội Châu, explorant l'Afrique, l'Indochine et rapportant de nombreux témoignages pleins de justesse, de modération, possédant l'art du reportage, car, tout comme Blaise Cendrars ou Joseph Kessel, il possèdait un œil documentaire d'une grande acuité.
Ses meilleurs romans exotiques, cosmopolites et unanimistes sont Douze Cent Mille (1922), La Source rouge (1924); Franck et Marjorie (1934); Voyage au pays des Bohohom (1938).
Il a aussi laissé plusieurs essais: L'Etape nécessaire (1907); Hollywood dépassé, l'Autre Europe, Moscou et sa foi (1928); D'homme à homme (1932), et des recueils de poèmes tels que le Retour des hommes ou Quatre Continents (1935).
On a également de lui les quatre volumes des Mémoires de notre vie (1947-1950).


+ Voir plus
Source : Dictionnaire de la litt.française contemporaineWikipédia
Ajouter des informations
Bibliographie de Luc Durtain   (5)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Spitzberg

Voilà qu’entre la brume
Et la mer convexe décroissante
Une Île m’a été démontrée.

Et ce qui aux gens des hauts pays
Parfois apparaît au-dessus des nuages :
Le retirement, l’effroi,
L’essentielle nudité du dur
Et ces grandes larmes gelées
Qui se crevassent et avancent, polissant
Et dévorant ce qui les porte,
Cela la composait entière.

Et m’y poussant des jambes et du cœur,
Voilà que j’ai vécu, prenant souffle, parmi
La lumière durable qui ne souffre plus
Les éclipses de la Terre, mais
Est le Parti total, au Néant confronté sur l’axe essentiel.
Et augmenté tel qu’une femme, mais en mâle, j’ai conçu
Les épaules des moraines formidables, les déblais dressés en cônes,
Les mousses germant polygonales par ordre,
Les vertèbres des grands monstres, renversées comme des sièges vides,
Les phoques gras comme des métaphores,
Et l’innombrable don des icebergs
Sortant de l’intérieur inaccessible et tombant
Avec détonation dans l’immensité pour s’y dissoudre.

Cela.
— Mais aussi, certes, j’y ai
Vu les mâts du sans-fil dont les ondes
Redistribuent au loin des millions de grains de cuivre
Pareils à une foule imaginée, à l’unisson ;
À fleur de roc, j’ai vu le charbon, veines bleues
Dont la substance même est livrée aux foyers des hommes :

Et ce fut le plus ample de ce qui
M’effondrant le sternum stupide est entré dans ma poitrine.

Commenter  J’apprécie          40
Debout à l’avant qui tranche
J’étais
Tel qu’un dieu de bois — impassible.

Or j’ai clos les yeux et voici
Que je naviguais sur une épaisseur de sang,
Et il y eut cent chaînes sombres,
Les unes descendant, d’autres montant
Et ayant sens de souvenir ou d’avenir :
Devant chaque vague conquise

Cette double grille posait
Un commandement de prison
Très lourd.

J’ai écouté, et voici
Qu’il y eut un grand bruit de mer
Comme de luttes et de plaintes
Et de chutes de beaucoup de larmes.

J’ai cherché mon corps et voici
Qu’il tremblait comme d’un tremblement.
Commenter  J’apprécie          40
Le beau navire, blanc et bleu
Comme un nuage neuf, avance
Aériennement :
L’embouchure de sa proue
Fait la rumeur d’un coquillage.

Or cette musique et une odeur si ivre
Siègent dans la lumière sur la mer
Que l’eau n’ose au-dessous rider.
Qu’il est doux, ce pays creusé
De fjords, de fraîcheurs et de brumes !
Qu’il est doux ! mais
Tout de même cet
Homme au cabestan vautré
Sommeillant préfère
La plus grande nue intérieure et vermeille,
Le primitif, l’informe,
L’absolu qui est et n’est pas.

Et quand il s’éveille
Il ne trouve plus que
— À la place du monde et du corps —
Une vaste Carapace tout à fait vide.

Il s’effare — mais quoi,
Son cœur bat et voilà le bruit de la machine :
Ces puissances unies le rassurent.
Il sourit, il certifiera
Près de lui cette chaîne d’ancre,
Il empoigne un énorme anneau,
Rond et roux, et jaune, et noir —

Tout cela dehors, et dedans
C’est froid et c’est dur, et c’est lourd...
Soudain il ne peut plus lâcher,
Et il pense, crispé d’horreur,
Pesant dans ses mains la
Matière.
Commenter  J’apprécie          20
UN PORT


Qu'est-ce qu'on pourrait dire pour marquer
À vif la vraie peau de la mémoire ?

Des mâts, des mâts, des mâts, des mâts
Et puis cordages, cordages, cordages.
Ça paraît naïf, mais c'est ça.

Les mâts sortent du tas des maisons :
Façades, clochers, toits et façades.
Les mâts sortent du tas des bonbonnes
(Vertes et rondes, acide sulfurique).
Il m'en sort des épaules, des joues.
Ça pousse partout, l'herbe à navires.

Maintenant, les cordages : réseaux
Dessinés, agrès et échelles.
C'est dans l'air, ça se répète sur l'eau ;
Ceux de l'air, c'est fin, ça se balance,
Ceux de l'eau, ça bouge en plaques molles.

Puis tout a goût de fer : grues, treuils, coques
Énormes rayonnant des cheminées,
Des tôles, des barres, des ronds, des angles.
Ça se pousse, ça se débrouille, ça se pénètre.
Toutes les choses se crachent dans la bouche.

Si tu vises les quais, tête à trous,
Il t'en tombe, des trucs, dans tes âmes :
Des monts de charbon, des pays de brique,
Des sacs qui croulent, des oranges neuves,
Des fumées, des cris, des bagarres.

Car, surtout, y a de l'homme. Groupe et grappe,
De la foule, de la file, du seul, et même
Au creux de tout ce qui flotte ou se pose,
Plein les navires, les bars, les docks.
Vrai, ça teinte tout. Yeux bleus, ces flaques bleues ?
Les odeurs sont anglaises ou turques ?
Tout le jaune est chinois, l'ombre est nègre.

Qu'on massacre ailleurs, qu'on enterre,
Par ici comme y a de l'homme, bon dieu !
Comme y a de l'homme par le monde,
comme y a de l'homme !
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Luc Durtain (4)Voir plus

Quiz Voir plus

Episode 2 : Quelle définition pour ces mots peu courants ?

Aménité ...

Fait de pardonner
Forme de courtoisie
Fait de conclure un discours
Forme de résilience

7 questions
200 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}