"Cadeau les melons ! Attention ! y en a plus !"
Pendant que la grosse voix du paysan retentissait les Massanes restaient stupéfaits devant l'inventivité des artisans de l'olive. Noire ou verte, son assortiment était infini: nature, aux herbes, à l'ail et au persil, piquantes, au poivron, à l'anchois, au thym, au laurier, au pistou, à l'escabèche ; sans compter celles de Grèce, du Maroc, les picholines, les cassées, les piquées, les tailladées...
Commençaient alors une joyeuse quête d'herbes magiques, celles qui donnent aux mets toute leur saveur : le thym et son parfum de miel, qu'une légende attribue à une larme de la belle Hélène ; le romarin à l'arôme entêtant que l'on incorpore délicatement à l'huile ; la sarriette, pour les ragoûts, qu'on appelle dans le pays le pèbre d'aï pour le distinguer du thym plutôt destiné aux marinades ; ou encore l'origan, délice des coulis de tomate ; et aussi le laurier, bonheur des courts-bouillons et des ratatouilles.
Pour des raisons qui tenaient à l'histoire et à la tradition , la châtaigne s'appréciait et se mangeait ici de toutes les façons, surtout lorsque l'on était pauvre : en soupe avec du lait, le bajanat ; bouillie en accompagnement d'une viande ; grillée dans la cheminée au moyen du poêle trouée , l'afachada. Les Massanes avaient même connu le temps où elle constituait le plat unique de repas frugaux...
Car la vigne réclamait une attention aussi forte que la mer : le moindre coup de vent, le moindre orage, la moindre gelée pouvaient avoir des conséquences désastreuses. Un beau soleil généreux était son meilleur allié mais un excès de chaleur pouvait la déshydrater de façon irréversible.
"Pour avoir le raisin, il faut caresser la souche" affirmaient les anciens dans le patois du pays.