Ma mère est morte voilà trois mois. Elle s’appelait Luna, elle avait 76 ans. Ce récit commence alors que je m’apprête à prendre possession d’une partie de son héritage. Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi cette scène, un peu triviale, pour débuter cette histoire. Qu’est-ce que cela dit de moi ? De mes relations avec elle ? Je ne peux pas répondre à cette question. J’aimais ma mère ; sa mort est une sorte de soulagement. Voilà tout ce que je peux dire, voilà les sentiments dont je suis sûre et que je peux livrer sans craindre de mentir. Le paradoxe de ces deux affirmations mises bout à bout me laisse perplexe. Mais je n’ai pas envie de me pencher sur cette contradiction. Je souhaite juste raconter.