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Citation de Cannetille


(Au Louvre) Ça va passer. Il enlève sa veste. Il suffit d’attendre, comme ça, la tête dans les mains, les yeux fermés. Les toiles dansent devant lui comme des visions. Des détails resurgissent, en désordre. Le pli d’une manche. Un coup de pinceau. Un frémissement. Il voit chaque peintre attelé à sa tâche. Il sent le poids de la palette dans leur main, la pression du pinceau sur la toile, la pointe alourdie par la pâte. Les formes se brouillent. Il est submergé par les ombres, les teintes, et ces gens qu’il devine, une foule d’artistes, chacun debout, devant sa toile. Il est comme eux. Il est un parmi des milliers de peintres. Il appartient à leur confrérie insensée. Oui, il est comme eux. Fou comme eux. Acharné à faire émerger quelque chose. Il ne sait même pas quoi. Il ne se le demande pas. Tout ce qu’il sait, c’est la solitude, l’insatisfaction permanente, l’acharnement, la rage de l’impuissance, l’inabouti perpétuel, l’âme toujours inquiète. Tout ce travail, pour avoir parfois, un court instant, l’impression de saisir quelque chose. Donner un sens. Essayer. À tout prix, pour survivre. Oui, sa famille, c’est eux : les sans-repos, les possédés, les obstinés. Ceux qui esquissent, biffent, modèlent, détruisent, et recommencent, sans fin, en quête d’une vérité. Une putain de vérité qui n’existe peut-être pas.
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