Lucie Vérot

Téo - J'avais demandé ce super portable, même pas tellement pour jouer à des jeux et tout ça - des jeux vidéo, j'en avais. Ni même pour aller sur Snap, Insta ou Tik Tok. Non, je voulais surtout comprendre des trucs. Tous ces trucs qu'on ne nous explique pas vraiment.
Par exemple, moi, ma mère peut me payer un super portable quand je demande, et d'autres copains à moi, leurs parents ne peuvent pas.
C'est rien peut-être. Peut-être que je suis con. Mais comment on en est là ?
Peut-être que personne y comprend rien, que c'est pour ça qu'on ne nous explique pas.
Mais quand je me suis mis à faire des tas de recherches sur tout, je me suis dit : "Enfin plein de gens qui se posent vraiment des questions, et enfin des endroits où on répond un peu aux miennes, où on ne répond pas juste : "Le monde tourne peut-être pas rond, c'est triste, mais c'est comme ça.""
Je faisais de plus en plus de recherches, et je me disais : "Tout ce qu'on apprend." Et je me disais : "Tout ce qu'on nous cache." (pp. 20-21)

Célia - Et comme ça des kilomètres de commentaires anonymes. Qui racontaient n'importe quoi. Ça n'avait plus rien à voir avec notre histoire.
Téo - Tout le monde au collège a vu le site.
Célia - Nora est venue me voir. Elle m'a demandé si c'était nous qui disions que Madame Albanne était une terroriste de maladies musulmanes. Je lui ai dit que non, que j'y comprenais rien, que je voulais pas qu'il se passe ça. Elle m'a dit : "Ça se passe quand même." (p. 56)

Célia - Madame Albane utilisait vraiment des mots de la préhistoire comme "tintamarre". Et là, Delphine fait : " C'est Célia. Elle se croit dans un film. Elle pense que les maladies sont créées exprès par des gens pour tuer plein de gens !" Et elle a dit devant toute la classe ce que j'expliquais à Nora. Sauf qu'elle déformait tout, elle simplifiait tout. Plein de gens ont rigolé. Mais Madame Albane, elle, ne rigolait pas du tout. (p. 19)