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Citation de JulienDjeuks


Coaching, conseils en placement et anathèmes, #22, p. 29
Il vaticinait donc et prophétisait, montrant dans ce métier la plus grande intelligence, combinant le hasard de la conjecture et la réflexion logique. Ses réponses étaient tantôt obliques et équivoques, tantôt franchement inintelligibles, car il estimait que l’obscurité totale était aussi une loi du genre oraculaire. Il retenait ou encourageait ses clients, selon l’hypothèse qui lui semblait la meilleure. À d’autres il ordonnait des traitements et des régimes, car il connaissait, comme je l’ai dit au début, beaucoup de drogues utiles. Il tenait en grand honneur ses « cytmides », nom qu’il avait forgé pour un onguent fortifiant à base de graisse d’ours. Mais si on lui parlait d’espérances, d’avancement, d’héritages, il en renvoyait toujours la réalisation à plus tard, en ajoutant : « Tout cela n’arrivera qu’au moment où je le voudrai, quand mon prophète Alexandre me l’aura demandé et m’aura prié pour vous. »
Le prix fixé pour chaque oracle était une drachme et deux oboles. Ne crois pas que ce fût peu [un journalier touchait quatre oboles par jour…], mon cher, et qu’il n’en tirât que de chétives ressources. Il ramassait dans les 70 000 à 80 000 drachmes par an, car ses clients insatiable lui demandaient de ses oracles par dix et quinze à la fois. Il est vrai que l’argent n’était pas pour lui seul. Il ne thésaurisait pas. Il avait déjà autour de lui une multitude d’auxiliaires : domestiques, informateurs, rédacteurs d’oracles, archivistes, scribes, scelleurs, interprètes, tous payés selon leur importance.
Déjà il envoyait jusqu’à l’étranger des émissaires chargés de faire de pays en pays une célébrité à l’oracle. Ils avaient pour mission de raconter qu’il signalait à l’avance et faisait retrouver les esclaves en fuite, découvrait les voleurs et les brigands, faisait déterrer les trésors, guérissait les malades, et déjà même avait ressuscité plusieurs morts.
Alors, ce fut la ruée et la bousculade. On venait de partout. […]
Mais beaucoup de gens sensés, une fois cuvée, si je puis dire, cette profonde ivresse, se groupèrent contre lui, surtout les confréries d’épicuriens. Dans les villes, on surprenait peu à peu le secret de toute cette sorcellerie, on découvrait la mise en scène de la farce. Alors Alexandre joue de l’épouvantail. Il lance un oracle contre les incrédules : « Le Pont était rempli d’athées et de chrétiens qui osaient répandre sur lui les pires calomnies. Il ordonnait de les chasser à coups de pierres, si l’on voulait conserver la faveur du dieu. »
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