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Citation de mathilde08


Le chef de file et le maître en fariboles de ce genre fut l'Ulysse homérique qui, dans ses récits à la cour d'Alcinoos, parlait de vents réduits en esclavage, de créatures à l’œil unique, d'hommes mangeurs de chair crue et sauvages, d'animaux à plusieurs têtes, et des métamorphoses de ses compagnons sous l'effet de philtres : tels furent les nombreux contes prodigieux qu'il fit aux Phéaciens, qui n'y connaissaient rien. J'ai lu tous ces auteurs, sans trop leur reprocher de mentir, vu que c'est déjà pratique courante même chez ceux qui font profession de philosopher. Mais j'étais étonné qu'ils aient cru pouvoir écrire des choses fausses sans qu'on s'en aperçût. C'est pourquoi moi aussi (par vaine gloire !), j'ai tenu à transmettre quelque chose à la postérité, et je ne veux pas être le seul privé de la liberté d'affabuler. Puisque je n'avais rien de vrai à raconter, n'ayant jamais rien vécu d'intéressant, je me suis adonné au mensonge avec beaucoup plus d'honnêteté que les autres. Car je dirai la vérité au moins sur un point : en disant que je mens. Je crois ainsi que j'éviterai les accusations des autres en reconnaissant moi-même que je ne dis rien de vrai. Bref, j'écris sur des choses que je n'ai ni vues, ni vécues, ni apprises d'autrui, et en outre qui n'existent en aucune façon et ne peuvent absolument pas exister.
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