Lucile Quillet

Le couple, c'est le bonheur. C'est l'idéal, le but, la quête d'une vie, l'acmé, la plus belle chose qui soit. Du moins, c'est ce qu'on nous a dit.
Être hétérosexuel, c'est croire en ce modèle de bonheur.
Être hétérosexuel, c'est être banalement « normal ».
Ce destin-là vous vaux de vivre normalement, tranquillement. C'est la promesse d'être intégré, peinard, avec une vie « sans histoire », où tout se passe bien, où l'ordre n'est pas bousculé. Suivre une voie qui est acclamée par la société tout entière. Faire des choix qui ne feront lever aucun sourcil, ceux-là mêmes qui vous sont murmurés dans les questions « normales » qu'on vous pose : « et alors, les amours ? », « et alors, quand est-ce que tu te cases ? », « et le mariage, c'est pour quand ? », « et le bébé, c'est pour quand ? », « et le numéro deux, c'est pour quand ? », « vous seriez mieux dans une maison, non ? ».
Ce que l'on ne comprendrai pas, c'est pourquoi vous ne faites pas ses choix. Mais oui, tiens, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas se marier ? Pourquoi ne pas faire d'enfants ? Que peut-il y avoir de mieux qui vaille ce sacrifice ? Nous n'avons pas d'images. Nous avons une ligne directrice : « après tout, c'est dans la logique des choses ». p.29