"C'était ma Muse, mon expression nouvelle. Je souris légèrement. Je volai encore une fois son image, puis je m'en allai. Sans le regarder. Je ne voulais rompre une magie certaine."
Dans les Pyrénées réside un conte oublié, que certains journaleux ont ressuscité depuis peu. Il s’agit de la légende du Canigou. Lorsqu’il descend de son mont, ce monstre redoutable dévore voyageurs égarés et touristes imprudents. Ses crimes possèdent une double signature : la trace de ses mains crochues sur le cou de ses victimes, et un long rire sardonique qui roule dans la vallée, tel un terrible tonnerre.
Restons lucides et honnêtes : si l’on m’a expédiée ici, c’est afin de se débarrasser de moi. Belle-maman me disait toujours : « Vous inquiétez mon fils, Clothilde, vous effrayez vos enfants ! » Ce n’était pas pour moi qu’ils tremblaient, mais pour eux-mêmes : ils redoutaient la contagion. Alors, ils m’ont envoyé vers la mort… Trois issues s’offrent à moi : le suicide, la maladie ou l’assassinat.
Ma clef fait claquer une dernière fois, lugubrement, le verrou de mon appartement. J'ai l'impression de fermer un tombeau, d'enterrer ma vie et l'homme que je m'efforçais de devenir. Que de regrets dans ce geste ! Mon passé, mon histoire, mon âme ! Tout ceci n'a plus de raison d'être. Il ne me reste rien d’autre qu'un avenir incertain et toute une vie à rebâtir.
Restons lucides et honnêtes : si l'on m'a expédiée ici, c'est afin de se débarrasser de moi. Belle-maman disait toujours : "Vous inquiétez mon fils, Clothilde, vous effrayez vos enfants !" Ce n'était pas pour moi, qu'ils tremblaient, mais pour eux-mêmes : ils redoutaient la contagion !