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Citation de Coco574


Marie-Alice n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Elle s’était relevée aussitôt que son mari s’était endormi. Puis, elle avait sorti la petite de son moïse pour la bercer et lui parler doucement.
— Je connais mon gros matou, ma belle puce. Je l’ai vu te caresser avec ses yeux de papa. Je sais que son grand souhait est de t’envelopper de ses gros bras, comme il le faisait avec nos enfants quand ils sont venus au monde. Une naissance apporte tellement de joie dans le cœur des parents.
Le lendemain matin, dans la salle d’attente de l’hôpital Hôtel-Dieu d’Arthabaska, Lina dormait au creux des bras de Marie-Alice.
— Monsieur et madame Maheu ? Vous pouvez me suivre ? appela le médecin Godette, avant de les conduire à son cabinet.
La petite pièce peinte en vert était dépourvue de chaleur.
— Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ? Est-ce le bébé qui est malade ?
Le praticien regardait l’enfant dans les bras de sa protectrice.
— C’est une fille, précisa Marie-Alice, le regard triste. Mon mari et moi, on l’a trouvée hier, et on désire la faire examiner pour savoir si elle est en bonne santé.
— Une enfant abandonnée ? C’est ce que vous voulez dire, madame ?
Le généraliste prit place à son bureau pour écouter ses visiteurs attentivement.
Ce fut Joseph-Ovide qui expliqua la découverte du poupon dans le chalet.
— Pauvre enfant ! soupira le médecin, l’air triste. Je vais l’examiner, mais je vous préviens que vous ne pourrez pas la ramener chez vous. Nous la garderons ici jusqu’à ce que notre demande soit acceptée.
— Votre demande ?
— Oui. Ma secrétaire va s’occuper de rédiger les documents pour qu’elle soit conduite à la crèche pour une éventuelle adoption.
Après que le médecin de garde eut fait l’examen médical et confirmé le bon état de santé de la petite, il avait remercié chaleureusement le couple d’avoir conduit l’enfant dans son établissement.
— Je m’étais déjà attachée à elle, docteur.
Marie-Alice sortit un mouchoir de la poche de son manteau.
— Je comprends, madame Maheu. Je vais faire tout mon possible pour qu’elle soit envoyée à la crèche Saint-Vincent-de-Paul à Québec. Ce sera moins loin que le pavillon d’Youville à Montréal si vous désirez lui rendre visite.
— Vraiment ? demanda-t-elle, le cœur gonflé de gratitude.
— Je vais mettre une note à son dossier… Sur la fiche, il n’y aura qu’un « x » et la date de sa naissance. Cela signifie « bébé de parents inconnus ». En donnant votre nom, les sœurs pourront vous guider vers elle. Mais je ne peux rien vous promettre concernant l’endroit où elle sera conduite, la décision ne m’appartient malheureusement pas.
De retour chez elle, durant la soirée, Marie-Alice défit les petites couvertures au fond du moïse placé dans la chambre à coucher.
Cette femme était une maman pour la vie. Même si la petite Lina n’avait pas habité son sein durant neuf mois, une fibre maternelle s’était néanmoins développée dans son cœur.
— J’aime pas te voir triste comme ça, soupira son mari, en entourant ses épaules.
— Je suis si inquiète. Elle pourrait être adoptée et manger de la misère toute sa vie, pauvre petite !
— Pense pas comme ça, voyons !
— Bien, je peux pas m’empêcher de penser à la petite Aurore Gagnon, qui est morte en 1920. Elle avait juste dix ans, elle avait toute la vie devant elle. Tu t’en souviens pas ? C’était dans les journaux.
— Oui, je m’en souviens, Marie-Alice. Elle avait été victime de maltraitance. On se demandait pourquoi les parents pouvaient être aussi cruels, quand nous, on surprotégeait nos enfants. Hyacinthe avait juste un an…
— Oui, Arlène, quatre ans et Georgette, huit ans. Les années ont passé trop vite !
Joseph-Ovide prit les mains de son épouse et il l’invita à s’asseoir près de lui, sur le lit recouvert d’une courtepointe à motifs floraux.
— Écoute. Demain, on va téléphoner à l’hôpital pour savoir si Lina est à la crèche de Québec. Si elle y est, on ira lui faire une visite en après-midi.
— C’est vrai ? Tu es si beau quand tu me regardes comme ça avec tes grands yeux bleus ! Même après trente-six ans de mariage, j’en frissonne encore.
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