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5/5 (sur 1 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Dublin, Ireland , le 03/06/1963
Mort(e) à : New-York , le 18/12/2002
Biographie :

Lucinda Margaret Grealy est née en 1963 à Dublin de parents irlandais.

Sa famille a émigré aux États-Unis en 1967 et s'est installée à Spring Valley, New York.

A 9 ans, on a diagnostiqué à Lucy une rare forme de cancer du visage : le Sarcome d'Ewing dont les chances de survie sont de 5%.

Elle poursuit ses études au Sarah Lawrence College puis, une fois diplômée en 1985, étudie à l'Iowa Writers' Workshop.

En 1994 elle publie 'Autobiography of a face' ('Autobiographie d'un visage') qui est un récit autobiographique de son expérience entre hôpital et école.

Devenue dépendante à de nombreux médicaments, elle décède en 2002 d'une surdose accidentelle d'héroïne.


Source : http://clubdesrats.forumr.net
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Il est parfois aussi difficile de découvrir ce que contient le passé que de deviner ce que nous réserve l'avenir
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Plus tôt dans mon enfance, quand mon père rentrait le soir, il lançait un bonsoir joyeux à la ronde en ouvrant la porte et Sarah, les chiens et moi nous précipitions dans l'escalier à sa rencontre. Mais en grandissant, nous avions perdu le goût de ce rituel, et pour finir, seuls les chiens lui faisaient fête, tandis que Sarah et moi lui adressions un bonjour distrait du fond du canapé devant la télé. Un soir, j'ai eu une sorte de terrible prémonition : je nous ai imaginées, ma soeur et moi, devenues adultes et ayant quitté la maison, les chiens morts depuis longtemps, et mon père rentrant à la maison, sa voix ne rencontrant aucun écho dans l'escalier désert. J'ai été parcourue d'un frisson, j'ai ressenti un vide glacé et une indicible tristesse, comme si j'avais vu un fantôme. A dater de ce jour, j'ai mis un point d'honneur, même si je n'en avais pas particulièrement envie, à le saluer du haut de l'escalier. Je faisais cela comme en prévision de mon absence future dans sa vie, mais il ne me vint jamais à l'esprit que c'était lui qui pourrait être absent de la mienne.
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Je pensais autrefois que la vie était éternelle, qu'une fois que je l'aurais découverte, contemplée, elle serait une constante immuable à l'aune de laquelle tout le reste se mesurerait. Je sais maintenant qu'il n'en est pas ainsi, que la plupart des vérités sont par essence fluctuantes, que nous devons sans cesse travailler à nous rappeler les choses les plus fondamentales. La société ne nous y aide guère. Elle ne cesse de nous faire croire qu'être soi-même, c'est faire comme tout le monde, ressembler à tout le monde, et nous laissons notre visage singulier devenir un fantôme qui viendra nous blâmer et nous hanter inexorablement. Assise dans ce café, j'ai brusquement pensé à certains films et romans où les morts ne savent vraiment qu'ils sont morts au moment où on leur en montre la preuve irréfutable : le miroir ne reflète plus leur image.
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"Pour l'amour du ciel, arrête un peu de prendre cet air douloureux tout le temps", soupirait ma famille. Dès que j'étais en présence de l'un ou de l'autre, je devenais incapable d'être autre chose qu'une pauvre épave déprimée.
C'est seulement quand j'étais seule que je retrouvais un certain appétit de vivre.
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J'avais en moi des ressources d'imagination suffisantes pour échapper momentanément à la douleur et une capacité à tirer des leçons du spectacle du monde qui m'entourait, mais je ne possédais pas encore la lucidité qui m'eût permis de m'octroyer le droit, nécessaire et complexe, de souffrir. Je croyais en une hiérarchie du désespoir : s'il y avait au monde une plus grande souffrance, la mienne s'en trouvait niée. Je pensais qu'il me fallait tout bonnement assurer ma laideur et qu'en être malheureuse était moralement inacceptable.
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Il est parfois aussi difficile de découvrir ce que contient le passé que de deviner ce que nous réserve l'avenir, et de même que la réponse à une devinette nous semble aller de soi dès qu'on nous la livre, il me paraît curieux maintenant d'avoir pu vivre ces moments où s'est déclarée la maladie sans la moindre conscience de leur prégnance.
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Le langage nous offre les moyens d'exprimer les nuances les plus subtiles, mais cela implique-t-il que le langage donne du sens ? Est-ce qu'il ne nous le vole pas, quand nous ne sommes pas capables de nommer les choses ? Il me vient plusieurs interprétations quand je repense à cette petite fille qui ne se souvient pas d'avoir jonglé avec les mots "tumeur maligne", mais à quoi bon de telles conjectures, quand tout ce qui me reste, c'est l'image ahurissante d'une gamine qui déambule dans un couloir en chantant des mots agréables et coupés de son histoire ?
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Plus tard, adolescente, j'ai eu un boulot dans une bibliothèque et, un jour que je rangeais les livres sur une étagère, dans la section médecine, je suis tombée par hasard sur un bouquin qui traitait des cancers chez les enfants. J'ai sorti le gros volume, l'ai posé sur la table et l'ai ouvert à la page de mon cancer, le sarcome d'Ewing. Là, j'ai lu un bref descriptif des symptômes, suivi des statistiques de mortalité. On estimait les chances raisonnables de survie à cinq pour cent.
[...] J'ai levé les yeux du livre. La pièce était déserte, j'étais étourdie par les néons blafards et la quantité d'étagères que j'avais encore à ranger. Cinq pour cent. Il fallait que je dise quelque chose, sauf qu'il n'y avait personne alentour et que je ne savais pas quoi dire. Posant la main sur mon cou, que j'ai senti palpiter, je suis restée quelques minutes pétrifiée, sur le point de bouger, de parler, de m'asseoir, de faire quelque chose. Puis ça m'est passé. J'étais déjà sur l'autre rive, vaguement consciente d'avoir oublié quelque chose, un nom, un objet ou une émotion, que j'aurais voulu retenir et que j'avais bêtement laissé filer entre mes doigts.
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Je considérais les autres d'un oeil à la fois critique et empathique. Pourquoi se plaignaient-ils à longueur de temps au lieu de se détendre et de se rendre compte qu'ils avaient la vie belle ? Ils avaient tous l'air d'attendre un miracle qui les fasse avancer, un évènement hypothétique qui leur permette de vivre pleinement leur vie. Tout le monde, que ce soit ma mère ou les personnages des livres que je lisais (qui étaient pour moi aussi réels et importants que les vraies personnes), ne cessait de lorgner sur le sort des autres, de l'envier, de vouloir se l'approprier. J'aurais voulu qu'ils s'arrêtent, qu'ils se rendent compte de ce qu'ils possédaient : leur santé, leur force. Je pensais à ce que serait ma vie si j'avais ne fût-ce que la moitié de leur chance. Mais aussitôt je me prenais en flagrant délit de ce dont précisément je les accusais. Malgré ma lucidité, je devinais que la raison de cette lucidité tenait à l'hypocrisie qui au fond gouvernait ma vie.
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J'avais presque treize ans.Tout ça durait depuis mes neuf ans, c'est à peine si je me rappelais à quoi ressemblait ma vie d'avant. Fini les injections, fini le Docteur Woolf et les vomissements. Ce que je ressentais, c'était de la peur et cette peur me faisait peur. Pourquoi n'étais-je pas soulagée comme j'aurais dû l'être ? Qu'est-ce qui n'allait pas ? Je n'avais quand même pas envie que ça continue comme ça éternellement ? Non bien sûr, aucune envie, mais la vie d'après la chimio me semblait impossible à imaginer. Complètement déboussolée, voilà ce que j'étais. Si inconcevable que pût être ma réaction, il me fallait admettre que j'avais peur de la fin d'une phase, du changement qu'elle impliquait. Je ne serais plus spéciale, personne ne m'aimerait. Sans la chimiothérapie pour faire mes preuves, comment montrer aux autres que j'étais digne de leur amour ? D'un autre côté, comment désirer que ça continue ?
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