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Citation de Cielvariable


Émilie Byrd Starr était seule dans sa chambre, dans la vieille maison de ferme de la Nouvelle Lune, à Blair Water, par un soir orageux de février des années d'avant-guerre. Elle se sentait à ce moment-là, aussi parfaitement heureuse qu'il est permis à un être humain de l'être. Sa tante Élisabeth, consciente du froid nocturne, l'avait autorisée, faveur rarissime, à faire du feu dans sa petite cheminée. Et le feu brillait, clair, inondant de sa lumière mordorée la pièce impeccablement propre, aux meubles anciens et aux fenêtres à larges embrasures dont les carreaux dépolis d'un blanc bleuté se piquaient de couronnes de flocons de neige. Il donnait de la profondeur, du mystère et de la séduction au miroir mural qui réflétait Émilie, recroquevillée sur le canapé devant le feu et qui écrivait, à la lueur de deux longues bougies blanches - seule source de lumière permise à la Nouvelle Lune - dans un nouveau calepin-Jimmy à la couverture noire brillante que son cousin lui avait offert le jour même. Émilie avait été très contente de recevoir ce calepin, car elle avait rempli à ras bords celui que le cousin Jimmy lui avait donné, l'automne précédent. Depuis plus d'une semaine, empêchée d'écrire à cause d'un cahier inexistant, elle souffrait d'un «manque» grave.

Son journal était devenu l'un des pôles majeurs de sa jeune existence. Il avait pris la relève des lettres qu'elle avait écrites à son père, mort trop tôt, lettres dans lesquelles elle se vidait le coeur de ses problèmes et de ses soucis.
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