En France, notre démocratie a été capturée par une caste d'hommes, plutôt blancs, souvent Parisiens, diplômés des Grandes Écoles, qui cultivent l'entre-soi. Ils se sont approprié le pouvoir et l'ont détourné non pas pour le bien commun, mais pour le bien d'un petit groupe. Ce club, que l'on retrouve dans la politique, dans la Haute Fonction Publique, dans les plus grandes entreprises, dans les médias favorise le capitalisme de copinage. Le pouvoir politico-économico-médiatique qui a façonné notre société depuis trente ans fonctionne en circuit fermé et il a capturé les choix politiques.
Le plus grave dans tout ça, c'est que cette élite n'a toujours pas trouvé de solutions au chômage, à la pollution, aux inégalités. Son programme idéologique est dépassé. Ces cols blancs vivent dans un monde qui n'existait pas quand ils ont terminé leurs études et commencé leur carrière. Ils ne comprennent pas ce monde nouveau car ni leurs diplômes ni leurs compétences ne peuvent les aider.
Au gouvernement, on a l'habitude de récompenser d'un portefeuille ministériel les fidèles et il n'est pas obligatoire que les compétences des ministres aient un rapport avec le portefeuille dont ils héritent. On peut allègrement passer de la Culture à la Justice ou aux Affaires Étrangères en fonction du jeu des chaises musicales. À l'Assemblée ou au Sénat, en plus de suivre la ligne du parti, certains n'hésitent pas à voter voire proposer des lois en fonction de leurs besoins locaux, parfois contre le bien commun. Et puis, il y a aussi les petits à-côtés comme pour les 112 proches de parlementaires qui ont été embauchés comme experts ou assistants...
Pour être candidat à une élection en France et ailleurs, il faut être membre d'un parti. [...] Si l'on rapporte tous les adhérents de tous les partis aux 43 millions d'électeurs en France, on arrive à moins de 1%. C'est donc moins de 1% des citoyens qui débattent, puis proposent un projet de société pour 43 millions d'autres électeurs et 65 millions de Français.
Or, dans le système représentatif actuel, l'élu ne remet jamais son mandat en jeu, même s'il ne respecte pas son programme, même quand il fait n'importe quoi.