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Citation de Charybde2


Je me souvenais très bien à quoi ressemblait le bush couvert de cendres. Les incendies de 94 avaient dévasté toutes les terres autour de la maison où je vivais avec mes parents. Ces semaines avaient été les premières de mémoire d’homme, où le feu était entré dans la ville. Sydney était menacée d’isolement total, toutes les routes étaient fermés, coupées par les flammes, les cendres tombaient du ciel, le soleil virait au rouge et nous vivions sous un ciel orange. Aujourd’hui encore je me souviens d’avoir traversé en voiture le parc national Ku-ring-gai trois semaines après la fin des incendies ; il n’y avait rien en vue, sinon des branches noircies dressées vers le ciel comme si elles essayaient de se raccrocher à quelque chose hors de portée. Ma mère m’avait expliqué que le feu n’avait pas tué le bush, que rien n’était mort même si tout semblait l’être.
Car le pays avait évolué pour brûler. Les gousses de graines du banksia et du rince-bouteilles s’ouvraient seulement grâce à la chaleur intense dégagée par l’incendie, elles ne pouvaient répandre leurs graines que sur une terre calcinée. Le bush avait besoin de s’immoler par le feu de temps en temps, un incendie spectaculaire n’était pas anormal, il était même nécessaire. Je me rappelle avoir regardé par les fenêtres les arbres carbonisés et pensé que je n’avais jamais rien vu d’aussi mystérieux et incompréhensible. Je me suis dit, non pas que je risquais de mourir là, dans ce paysage, si l’on m’y déposait, mais que disparaître serait très facile. Que disparaître serait vraiment tentant.
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