Souffrir comme je n’ai encore jamais souffert semble impossible. Mais qui suis-je pour le contredire ? Je ne risquerais pas la vie de la seule famille qu’il me reste. Qu’importe que tu envoies la foudre me poursuivre jusqu’en enfer. J’y suis déjà, de toute manière. Alors, pardonne-moi… Pardonne-moi, mais la peur terrifie, paralyse et j’exhorte leur protection. Alors dans un ultime effort, demain à 6 heures, je prendrais la route pour une destination que même toi, tu ne connais pas. On a peur pour ma vie, mais moi, j’ai peur pour la leur. Je ne peux pas accepter que d’autre arrête de vivre pour moi, mais si je pars assez loin…
« C’était une femme exceptionnelle »…
Mais c’est faux, maman. Tu le sais, n’est-ce pas ? Tu n’étais pas exceptionnelle. Si tu l’étais réellement, tu serais encore là avec moi. Tu aurais bravé les enfers pour me retrouver. Tu serais là, à me crier dessus et à me réconforter ensuite. Mais tu n’es pas là. Tu n’es donc pas une femme exceptionnelle. Tu es une idiote qui a jugé bon de sacrifier sa vie pour me sauver.
Je rêvais de ne plus subir tes supplications sur la vie merveilleuse que j’aurais pu avoir. Aujourd’hui, je veux entendre ta voix, sentir le souffle de tes baisers rassurants sur ma joue et que tu m’écrases par tes câlins. Je rêve de bruits, de ton rire et de tes recommandations barbantes. Je donnerais tout pour t’entendre me faire la leçon indéfiniment. Pour entendre à nouveau ton cœur battre.
J’aime me dire que la brise que je sens chatouiller mon cou est l’un de tes sermons et que la chaleur d’un rayon de soleil est l’une de tes approbations. J’aime sentir la pluie sur ma peau, car elle me fait me sentir vivante, même si la culpabilité m’assaille à chaque instant. J’aime entendre le chant d’un oiseau au réveil, la douleur m’accorde alors enfin une pause.
Les gens sont plus enclins à parler quand ils sentent qu’on est comme eux, un fantôme déambulant dans des couloirs où dans des rues. Pourquoi voudrais-je faire ce job ? Parce que ce sont eux qu’il faut écouter. Ce sont eux qui ont de grandes idées pour améliorer notre culture, des histoires pour rendre notre ville plus belle parce qu’ils la vivent aux quotidiens
Noël, c’est aussi un temps de partage et de convivialité. C’est un temps d’amour où le mot famille prend un détour inattendu et chaleureux. C’est juste quelques heures, quelques jours où la magie opère et laisse dans nos cœurs un sentiment irréel et apaisant. C’est un brin d’espoir où la tristesse et la haine sont laissées pour compte à l’aube d’un renouveau.
Marie ne s’était jamais trouvée belle. Probablement comme toutes les filles en ce monde. Pourtant, elle avait un charme bien à elle. Elle avait cette arrogance et cette pointe de malice qui perdurait au fond de ses pupilles et défiait quiconque oserait. Elle avait des yeux si foncés qu’on ne pouvait détacher son regard mystérieux sans y décrypter l’énigme.
C’était dur de faire semblant, d’être forte. Elle ne l’était pas. Marie était faible. Elle avait fui à la moindre occasion, emportant son courage et son honneur avec elle. Chaque jour était une bataille pour se lever et sortir de son cocon. Chaque jour, elle devait faire semblant d’être une autre personne et sourire alors qu’elle était triste.
Les problèmes viendront demain avec les interrogations et les essais infructueux pour survivre. Tout viendra demain comme l’avait prédit son amie. Pour l’heure, il suffisait de faire abstraction de l’univers, de se blottir dans les bras de sa sœur, armée d’un coussin qui deviendra son meilleur rempart face à un carnage prémédité.
Personne n’avait besoin de savoir sa vie ni sa décadence. Elle avait juste dit qu’un homme s’était introduit chez eux et avait tué sa mère devant elle. Il l’avait menacé à son tour de revenir, si elle en parlait à qui que soit alors elle s’était enfuie à l’autre bout de pays, changeant de nom, de vie, de tout.