Si un oiseau passait sa vie sans rencontrer le moindre humain, il n’allait rien perdre de sa condition d’oiseau. Si un homme passait la sienne sans consommer de lait de chèvre ou de viande de veau, il n’allait pas mourir. Malheureusement, les hommes et les animaux étaient obligés de partager cette terre qui avait vieilli à force de tourner. Ce n’était pas un partage mais, chaque fois qu’ils se rencontraient, un évitement mutuel pour échapper au conflit.
L'homme était seul et impuissant. Il ne prenait pas racine pour des siècles à la manière des plantes. Il n'avait pas, comme les animaux, la capacité de voler ou de courir vite, la vue ou l'odorat particulièrement aiguisés. Voilà pourquoi les hommes avaient besoin les uns des autres. Nous devions le savoir, nous devions nous lier au monde et aux hommes conscients de cela. L'homme, cette nature incomplète, était en réalité égoïste. Cet égoïsme suffisait à le rendre mauvais. Il était très facile d'être mauvais car le mal, inné et intense, surgissait brusquement du cœur de l'homme. Par contre, pour être bon, il fallait lutter. D'autant plus qu'il ne s'agissait pas de voiler son propre égoïsme, mais d'être vraiment bon, mentalement et en conscience. Il s'agissait là de pensées formidables. Considérer l'homme non pas comme le propriétaire du monde mais comme la plus incomplète - donc la plus égoïste et agressive - des espèces.
L’odeur de lilas, de sueur un peu âcre, celle du lait qui coulait à la commissure de ses lèvres, sa façon de m’enlacer, étaient comme des plumes qui me chatouillaient le cœur.
Préface. L'écrivain argentin Julio cortazar a comparé les genres littéraires à un ring de boxe : " le roman gagne au point, tandis que la nouvelle gagne par knock out."
Préface de Burhan Sönmez. L'auteur cherche l'espoir dans le désespoir. Ces personnages vivent de petites vies, rêvent de petitd rêves et tombent dans le vide, victime de leur impuissance de petites gens dans ce monde immense. Ils font partie des perdants et leur fragilité face à la vie génère de la tristesse.
Si vendre beaucoup était signe de réussite, le monde serait alors dirigé par les boulangers !
Pourquoi une femme construisait-elle toute sa vie en fonction du bonheur des autres et devait-elle en permanence se sentir responsable de tous les malheurs du monde ?
Elle est bien douce la catastrophe qui vous épargne. Quand un être humain voit quelqu'un sur le point de mourir, il exagère la tristesse qu'il éprouve afin de cacher sa joie de ne pas être à la place du mourrant. La mort de l'autre revalorise sa propre vie, elle rajoute une expérience vitale à raconter, elle procure du bonheur.
Le doute n’est pas une fleur qu’il faut préserver en l’arrosant et à laquelle il faut s’intéresser en la taillant, c'est une mauvaise herbe, indésirable, qui pousse toute seule, se répand partout. Le doute avait grandi tant et tant que, jour après jour, il avait fini par l'aveugler.
Quand l'homme se sait coupable, plutôt que d'assumer sa faute et d'en subir les conséquences, il est capable de rejeter celle-ci sur l'oiseau qui passe au-dessus de sa tête.