Malcolm Campbell

Qu'est devenu Tom Kite ?



Non, non, je ne zozote pas !



Ma transition est toute trouvée après Alfred de Musset, non pas que Musset rime avec Bisset, mais Tom Kite n'aurait jamais laissé sur le carreau un joueur de son rang dans la difficulté. Que voulez-vous, on reste sensible à travers les âges aux gens qui ont du coeur. Les salopards il y en a assez comme ça pour qu'ils viennent encombrer mon panier de sélection babelio.



Tom Kite était un joueur de golf redoutable dans les années 80. Sous ses faux airs de bon camarade, cool et bienveillant, c'était un grand professionnel, il forçait la sympathie et le respect. C'était un joueur correct comme on dit chez eux ! La profession ne lui eût pas décerné des titres honorifiques s'il y avait un ver dans le fruit ! Il avait la réputation d'avoir gagné sur le circuit régulier américain le plus de dollars sur la décade : 6 à 10 millions par an. Il est tombé dans la marmite à l'âge de 6 ans. Il est entré à l'université du Texas avec une bourse de golf.



Il maitrisait le golf à la perfection, il a surtout fait la différence dans le petit jeu où il excellait, grâce à un entrainement de ouf, et à son talent aussi naturellement. On s'était habitué à sa silhouette, portant feutre aux larges bords, joueur solide au profil texan (d'où il venait). Il était heureux de gagner et de faire partager sa passion, surtout avec la jeunesse à laquelle il prodiguait bien des conseils. Il en connaissait un rayon, inventait des postures, toujours tourné vers la performance. L'importance de la condition physique commença avec lui, il arrivait encore dans ces années que des golfeurs fumait le cigare en compétition, comme un art de vivre -certes il y avait un avantage, vous ne risquiez pas de créer un départ de feu avec votre barreau de chaise jeté à la hâte sur le gazon départ coupé au millimètre le temps d'un swing ! ; il fut le premier à se présenter à l'épreuve avec 3 wedges dans son sac auquel d'ailleurs il avait créé une poche supplémentaire pour améliorer le confort. Au dela de ses 19 victoires sur le PGA Tour, le point d'orgue de sa carrière fut sa victoire à l'US open 1992. Il donnait le sentiment d'un joueur indéboulonnable, toujours prêt, toujours aux avants-postes, sur des décennies. Son swing ample et puissant était un modèle. Sa tête se défigurait carrément sur l'épaule en haut du swing, signe probant en fait. Il savait tout faire et ne présentait pas de faiblesse, son délié aussi était beau à voir. Oui c'était un swing zéro défaut, un swing compact : il était impressionnant.



Chez lui, dans sa riche demeure, il s'était monté un atelier de golf sophistiqué, instrument de torture pour ses clubs. C'était sa vie, et ce n'est pas pour rien qu'il fut considéré comme le meilleur joueur de fers en Amérique. Armé de bras et de jambes solides, il donnait l'impression à l'exécution d'en garder tout le temps sous la pédale : un feeling d'enfer, un velouté dans la frappe virile .. L'effet retard du golf qu'on a du mal à qualifier, chez lui cela paraissait un exercice accompli et combien d'émules à cela dans la jeunesse !



A la cinquantaine il est passé au Champion tour américain où il a encore fait parler de lui avec une dizaine de victoires. Et aujourd'hui il mène les affaires à son train, et est toujours golfeur. Il quittera le golf le jour où il ne pourra plus. le golf nourricier remonte à ses jeunes années et vraiment j'admire ce joueur pour sa carrière exemplaire. Il peut envisager ses vieux jours dans la sérénité, il a aujourd'hui 73 ans, la ligne du cowboy est droite, d'une sveltesse invariable et hors de question encore de pantoufler à la maison.



Il sait d'où il est venu, il sait où il va. Longue vie Tom !