Sandy avait exaucé son premier rêve, celui de connaître un premier amour qui allait devenir un amour durable, suffisant pour toute une vie. Paulina lui avait offert un autre rêve : celui de la stimulation intellectuelle et spirituelle à une époque où il s'était ramolli et laissé aller à l'autosatisfaction. A elles deux, elles formaient un concept hégélien : Sandy était la thèse, la partie initiale, vierge de tout, et Paulina l'antithèse, la remise en question de tout ce que notre père incarnait, la réponse vivante à ses actes. Incapable de choisir entre une existence et l'autre, il avait cherché à vivre les deux.
Dans cette équation, Kim était la synthèse : une réconciliation de ses opposés. Au mépris de tout sens commun et moral, de toute déontologie et vertu, papa se sentit basculer dans un autre rêve : un rêve d'expiation, un rêve dans lequel il réparait tous ses torts. [...] désormais, il se rêvait comme l'allégorie d'un autre genre humain : de même que Kim incarnait les souffrances de la femme, il incarnait les outrages commis par l'homme.