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Citation de Presence


Selon un récent sondage, 98,7% des gens pensent qu’il est facile de bien contempler. Rien n’est plus faux. Perso, j’ai voulu apprendre auprès des meilleurs. Il existe, cachée sur les plus hauts contreforts de l’Himalaya, une mystérieuse peuplade qui voue carrément sa vie à la contemplation du monde plutôt qu’à celle de al télé. Du cup, ils sont super forts en monde. En revanche, ils ne savent absolument pas qui sont Cyril Hanouna et maître Gims. La honte ! le problème avec les indigènes du coin, c’est qu’ils ne connaissent pas Instagroom, ni Youtoob. Il est donc nécessaire de se déplacer pour voir leurs tutoriels. Comme un live streaming mais en haute altitude plutôt qu’en haut débit, si vous préférez. C’est plus fatiguant bien sûr. Mais que celui qui n’a jamais parcouru des milliers de kilomètres à pied dans le froid, la neige et le manque d’oxygène pour apprendre à contempler le monde me jette la première pierre. Aïeuh ! […] Ce que j’ignorais, c’est que niveau contemplation, ces gens ne plaisantent pas. Ils hardcore. Limite intégristes. On m’a bien fait comprendre qu’avant même de songer à contempler quoi que ce soit, il fallait d’abord s’entraîner à mort à la méditation. Par exemple, il faut aligner son esprit avec les chakras pulsatiles des quatre nobles vérités. Se rendre disponible aux forces universelles impermanentes du cycle des renaissances. Devenir l’émanation de al parole spirituelle, jonction des canaux énergétiques. Dénouer les blocages des sept racines de l’instance du château de l’âme. Accepter le grand véhicule de diamant et se fondre dans l’autorité temporelle de la complète réalisation. S’affranchir des schémas vibratoires par la voie des gongs. Comprendre tout ce charabia new-age. Et ce n’était pas la seule surprise, j’étais loin de m’imaginer qu’il faudrait faire tout plein de sport. Berk, berk, berk ! D’après ce que j’ai compris, il faut avoir le corps affuté comme un rasoir pour accéder à la contemplation. En somme, si notre corps est gras et flasque, eh bin, notre esprit n’accédera pas à la lumière du lotus définitif et sera, lui aussi, gras et flasque (en gros). Person, je m’en fous un peu, d’être gras et flasque (je suis habitué). Mais apparemment, c’est mal (bonjour le fat-shaming). Et aussi, j’ai dû faire la paix avec les éléments (je ne savais même pas qu’on était en guerre, eux et moi). Il m’a fallu affronter le Makamadhyam (eau) en plongeant dans un torrent glacé. Puis montrer mon attachement à Harika-Ekavayã (terre) en plongeant dans un torrent glacé. Et aussi lutter contre le Nãgãyamuni (feu) en plongeant dans un torrent glacé. Puis, à la fin de la journée, prendre une douche dans un torrent glacé. Bref, si on veut contempler dans les règles de l’art, il faut avoir une vie simple, saine et équilibrée (ça tombe bien, c’est tout moi). Finalement lorsque son corps est d’acier et son esprit éveillé, le novice est alors prêt pour être initié à la contemplation. On dit qu’il atteint alors l’état de Suddhbodgãyã, que l’on peut traduire par Joie et courbatures. Pour ma part, j’ai eu la chance d’être initié à la contemplation totale lors de la cérémonie de création d’un Dul-tson-kyil-khor. Comment vous dire ? En bref, il s’agit d’honorer la Terre en lui dessinant dessus avec des sables colorés. Ouais, je sais, c’est bizarre comme manière de faire de la BD. Mais apparemment pour les indigènes, c’est super sérieux. D’abord on prie. Puis on médite. Puis on remédite (au cas où). Puis on demande à la Terre si ça la dérange pas qu’on la barbouille de sables. Si elle est d’accord, c’est là que commence la magie colorée. Il faut avouer que le prof de dessin est assez impressionnant (je comprends mieux qu’ils fassent tant de sport). Tout est dans la maîtrise du geste. La finesse et l’exigence des tracés. L’élégance des motifs. Dans cette chorégraphie millénaire, tout est lié. Le sable et le vent, l’univers. Le sol s’anime vibrant sous les accords de couleurs. Le sable danse dans l’air sec et froid. Le temps s’arrête devant tant de virtuosité. Les oiseaux ferment leur gueule. Seul persiste l’instant.
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