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Citation de Charybde2


À cela s’ajoute ceci que j’ai constaté et que je trouve extravagant :
J’ai sur le corps une constellation. J’ai la peau. piquetée. de points sombres comme des étoiles mortes, qui ne transmettent plus qu’une lumière froide et de plus en plus à mesure (de l’écoulement) du temps. Allongé sur les draps entortillés, découvrant des pans de peau nue, pâlie, je fais le compte méthodique des astres qui me composent, m’alourdissant par endroits, dessinant dans ce morceau neuf d’univers une figure cryptique du savoir, connaissance cachée par moi révélée. Ainsi, prenant la nuit pour couverture, je m’efforce de pénétrer les secrets logés au cœur de la constellation que je baptise, puisqu’elle est mienne, constellation du pou. J’arpente d’immenses corridors formés par les étoiles qui, là, tournent sur le dedans, là, plongent vers un soleil oublié, le plus gros de tous, ailleurs et c’est un chant pulsé par la vibration chromatique de millions d’objets stellaires, suspendant mon cœur comme on pose une lune en orbite de l’être absent. Seul à danser. Je parcours seul mon royaume sans âme, qui de personne ne résonne, plié en mille dans l’espace infinitésimal d’un feuillet papier, je cours. Pris par surprise de l’immensité qui se tord sur la peau, la faisant advenir comme une broussaille éprise de feu. Ses points sombres luisent comme des bourgeons terminaux, m’invitent à m’y poser, chacune d’entre nous, connais-nous, car nous sommes tes mondes.
J’ai sur le corps une constellation. D’astres perdus dans leur course folle, d’étoiles orphelines prises dans l’indécision d’un univers sans lois, aucun objet pour en attirer d’autres, aucune courbe réglée, ni danse commune, les soleils y sont morts. Dans cette chambre de chair où le froid n’est jamais compensé, je flotte parmi elles, les voix, au gré des rares courants de lumière émis par on ne sait quelle roche en fusion et pour combien de temps. J’erre pour ainsi dire, porté par des vents solaires morts depuis des millions d’années. Dehors, le coq chante les quatre heures dans la nuit encore profonde, je m’agite un peu, les bras collés aux flancs se déplient, je passe la tête hors du drap de conjuration, ma respiration se projette aussitôt en amas de vapeur dans la chambre gelée.
(Ainsi je ressentais mon jour et ma nuit comme un unique plan délétère d’où véridisme et fantaisie cheminaient tels des astres malades.)
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