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Citation de Aquilon62


Il toucha un ressort que je ne vis pas et un panneau de bois coulissa contre le mur. Il y avait à Bomarzo des couloirs et des chambres secrètes dont même les propriétaires ignoraient parfois l’existence, si vieux était le château ! Aux XIIe et XIIIe siècles par exemple, plus de cent propriétaires, descendants des nobles francs et lombards qui l’avaient habité dans le passé, vivaient sous le gouvernement d’un vicomte, d’un vice comes Castri Polimartii ; héritiers minuscules – dans certains cas leurs possessions n’atteignaient que la cinquantième partie de la seigneurie – entassés dans une promiscuité batailleuse, ils se détruisaient mutuellement pour des bagatelles et avaient multiplié les cachettes, percé les murailles de toutes parts pour se protéger les uns des autres et garder leurs médiocres trésors dans des terriers obscurs. Quand plus tard Bomarzo m’appartint tout entier, je découvris moi-même un passage souterrain qui faisait communiquer le château et le Bois Sacré dans la vallée et j’en fis grand usage.

Dans la cavité ouverte par le glissement du panneau travaillé, je ne vis qu’une épaisse obscurité. Mon père prit un candélabre, alluma les trois bougies et me poussa à l’intérieur. Il posa les lumières sur le sol et à leur éclat je découvris une pièce basse et vide, sans fenêtre, et qui sentait le moisi. Comme je me retournais pour implorer miséricorde, le regard de mon père et le mien se croisèrent une seconde ; il paraissait hésiter. Qui sait ? Peut-être en cet instant fugace perçut-il ce je-ne-sais-quoi qui émanait de moi comme un présage voilé ; mais il se reprit dans l’instant et la porte s’ajusta à l’ouverture. Je restai seul.

La pièce était complètement vide à l’exception d’une masse allongée à l’extrémité opposée ; j’approchai craintivement et poussai un cri. De même que dans le grenier aux coffres, ma voix stridente résonna sur les murs et se mêla à des éclats de rire que j’entendis dans la pièce où était resté mon père ; mais ce n’étaient pas seulement les siens, Girolamo était là sans doute, jouissant avec lui de ce qu’ils prenaient pour une bonne farce.
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