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Citation de mcreteil


Il n’arrivait pas à comprendre qu’il puisse souffrir autant. Il pensait à sa femme. Il vit un chômage indemnisé par l’Assedic depuis maintenant presque deux ans. Il pensait à ça. Il pensait à ses amis. Il remontait le fil de ses souvenirs de jeunesse. Ses années étudiantes. Mais tout le ramenait à son angoisse. Il vivait comme un porc ! Ne répondant qu’à ses besoins naturels (manger, déféquer, conserver sa vie). En dehors du travail, quelques heures dans les cafés. Au théâtre. Chez des amis. Sa vie s’étiolait en un vaste désastre. Il avait le sentiment de ne plus vivre une quelconque pulsion. Ni pulsion sexuelle. Ni pulsion de vie. Ni pulsion de mort. Un ami lui avait dit un jour que cela représentait l’angoisse moderne. Vivre comme si le temps s’était brutalement stoppé net. Depuis que dieu avait disparu de la scène, chacun devait, seul, se démerder avec cette angoisse. Un mélange de crainte de la mort, et de crainte de la vie, tout en se débrouillant avec sa routine, et ses frustrations quotidiennes : relations avec autrui, relations avec sa femme ou ses enfants. Pour se désaccoutumer un moment, on avait le choix entre le Prozac, la télévision, l’Internet. Cette caméra dans sa maison est le fruit de cette douloureuse matinée. Il avait le choix : un suicide propre et simple, - par défenestration pourquoi pas ou tenter quelque chose pour transcender ce quotidien usé : la caméra. On peut appeler ça une culpabilisation à l’envers. En introduisant la caméra chez lui, c’était un peu comme franchir la première étape. Un film. De l’insignifiant. Il n’y aurait plus de secret. Son corps, ses sentiments, proposés au plus offrant... S’offrir comme une marchandise. Un clown qui s’exhibe pour enfin, avoir le sentiment d’exister ! Pour cela : se filmer régulièrement. Tenir un journal de bord en images. Ça pourrait être diffusé à la télé. Au cinéma. A des amis ou sur Internet. Une vidéo de plusieurs milliers de minutes. Les images en brut. Sans censure. Dynamiter les règles. Une question de principe. Bon sang ! Plus question de se cacher. Plus question de faire semblant. La souffrance ça se communique. Ça ne doit pas se taire.
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