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Citation de JBClamence


Il y a une suite aux souvenirs, et c’est ce qui en rend la gestion délicate. Le film du souvenir est toujours inclus dans un film plus long, le film de la vie, qui en infléchit le sens, parce que le regard de celui qui en est tout à la fois le personnage, l’acteur et l’auteur change. Julien Gracq, dans son livre de souvenirs, « Les Eaux étroites », décrit dans le détail une promenade, souvent faite depuis sa première jeunesse, au bord d’un petit affluent de la Loire, l’Èvre, et termine en expliquant pourquoi il ne souhaite plus vraiment la refaire. Car la magie de cette excursion tenait non seulement à la beauté du lieu, sans doute toujours intacte, mais aussi à son désir, au « sang jeune » de celui qui le parcourait « tourné vers l’avenir ». L’avancée en âge rend cette perspective caduque. Tout retour sur les lieux du rêve initial est nécessairement décevant, comme Proust en avait fait l’expérience, parce qu’il impose l’épreuve de l’impossible retour vers soi – ce « soi » qui a bougé et ne considère plus le temps du même point de vue.
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