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Citation de Danieljean


TOUT PAREIL
Un homme dont le nom était Wou, et qui habitait Wei, avait perdu son fils. Il n'en concevait apparemment aucune douleur.
L'intendant de sa maison lui dit :
- Personne au monde n'aima jamais son fils plus que vous ; maintenant qu'il est mort, vous ne montrez aucune tristesse. Comment cela est-il possible ?
Wou répondit :
- Avant sa naissance, je n'avais pas de fils, et je vivais heureux. Aujourd'hui, mon fils est mort ; je suis revenu à cet état où je n'avais pas de fils. Pourquoi donc voudrais-tu que je sois malheureux ?
Lie-Tseu VI 14.q

L'argument de Lie-Tseu est d'une intelligence absolue. Un peu froide ? Peut-être. Il faut lire alors, dans le même esprit, mais avec tellement plus de tendresse, les paroles de Tchouang-Tseu écrites après la mort de sa femme :

La femme de Tchouang-Tseu étant morte, Houei vint lui présenter ses condoléances selon l'usage, mais il trouva Tchouang accroupi, chantant, et battant la mesure sur une écuelle. Choqué, Houei lui dit :
- Que vous ne pleuriez pas la mort de celle qui fut la compagne de votre vie et qui vous donna des enfants, c'est déjà singulier, mais que vous chantiez en battant l'écuelle, c'est trop fort !
- Pas du tout, répondit Tchouang-Tseu. Au moment de sa mort, je fus très affecté, et je pleurais. Mais réfléchissant, je compris mon erreur. Car il fut un temps où elle n'était pas née ; et non seulement elle n'avait pas la vie, mais elle n'avait pas de corps ; n'ayant pas de corps, elle n'était pas même un souffle.
Ainsi quelque chose d'insaisissable se transforme en souffle, le souffle en forme, et la forme en vie. Et la vie se transforme en mort. Ces phases s'enchaînent comme la succession des quatre saisons de l'année. En ce moment, ma femme repose dans le grand dortoir, attendant une autre transformation. Si je me lamentais en sanglotant, cela signifierait que je ne comprends pas le jeu du Destin. Mais puisque je l'ai compris, je chante.

Tchouang-Tseu, XVIII
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