Un jour le Ciel était superbement ému
Un jour le Ciel était superbement ému,
Quand l’odorante Flore étale sa richesse :
Moi – comme bon Chrétien – m’en allé à la Messe
Proposant d’amortir l’audace de mon feu :
Mais que m’en advint-il ? pardonne-moi, ô Dieu !
J’ai changé ton image en ma belle Maîtresse,
Et encore, ô malheur ! si grande était la presse,
Qu’on me vit pris d’Amour qui commande en tout lieu.
Adoncques j’entendis au milieu de l’Eglise
Une sourde rumeur du malheureux Lasphrise,
L’un le disait méchant, l’autre plus avisé
Remontrait qu’on ne peut surmonter l’indomptable,
Qu’Amour, enfant du Ciel, veut être plus prisé,
Qu’on doit donc l’accuser, non l’Amant misérable.
Qu’en dites-vous, mon Coeur ? Je vous prie de le dire.
Quoi ? vous rêvez, ce semble, ô quelle étrange humeur !
Mais ce beau teint changeant m’avant-court un bonheur,
Et ce vent tremblotant qui doucement soupire.
Las ! ce bel oeil baissé, dont le jour se retire,
Pourrait bien messager quelque étrange douceur :
Non, ce souris bénin présage une douleur,
Pour donner à ce coup trêve entre mon martyre.
Parlez donc, mon souci, quoi ? vous ne dites rien.
Qui se tait il consent, vous le voulez donc bien.
Approche-toi m’Amour, baise-moi ma chère âme,
Je me veux enivrer de la douce poison,
Qui tant et tant de fois suborna ma raison :
Seigneur Dieu je me meurs, je me perds, je me pâme.
(...)
Quel heureux paradis ! d'allegresse luisant
Puissè-je donc tousjours en un si beau refuge
Trespasser au travail d'un plaisir si plaisant.