Citations de Marc Pellacoeur (20)
C'était par un bel après-midi d'automne. Il faisait beau encore, je me souviens bien. Le gardien m'a fait un signe, j'ai passé la porte, puis j'ai commencé à marcher.
Dès mes premiers pas sur la petite route qui d'après mes souvenirs devait m'emmener en ville, j'ai eu l'impression que l'ombre de la prison cherchait à me garder, elle filait devant moi, je n'arrivais pas à la dépasser. Bien deux cent mètres la comédie a duré, je n'en voyais pas la fin, et je m'apprêtais à courir pour régler le problème quand un nuage est venu se glisser devant le soleil pour me laisser m'échapper.
…les révolutions en général promettent le bonheur avant.
Rien n'est jamais assuré, sauf la mort, j'aurais dû savoir ça, ou au moins me le remettre en tête. Et tout se paye aussi, la plupart du temps comptant et en jetons de vie. Le gratuit, c'est bon pour les rêves, ceux de la nuit et ceux des histoires qu'on se raconte, rien d'autre. Quand la vie offre des bonheurs comme un camelot des babioles, il est temps de se méfier, il y a un loup quelque part, une note est à l'affut, et une salée le plus souvent.
Chez les culs de plomb, je me considérais comme un pur, une espèce d'aristocrate, un petit prince de la bulle. Le travail ne me convenait pas, du tout, ni chez les voyous, ni chez les honnêtes. J'étais fait pour les cocotiers moi, les pays à soleil d'un bout de l'année à l'autre, à vahinés accueillantes, à poissons qui sautent tout seuls dans l'assiette pour se faire griller...
La morale, c'est comme la peau, ça vieillit, ça ce tanne, mais ça change pas, on naît et on crève avec, c'est tout.
Et puis la morale pour un truand, c'est comme la course pour un cul-de-jatte, une affaire qui ne le concerne pas.
Et un poisson rouge assimilera plus facilement les règles du parachutisme ascensionnel qu'un truand celles de la morale.
Des Albert d'abord, il y en a partout, dès que les hommes se rassemblent en groupe au-dessus de cinq ou six et en dessous de cinquante. C'est le boute-en-train Albert, le malin qui met de l'ambiance à tout prix. Il chahute les femmes, il leur parle cul avec finesse, attention ! Il est dans le sous-entendu Albert, il nage dans le deuxième niveau. Après le café, il change, ses histoires drôles deviennent plus salaces pour montrer que les limites finalement ça se viole aussi.
Il n'y a éventuellement chez les hommes une once de compassion qu'entre eux, et encore, souvent bien plus parce que chacun pense à soi qu'autre chose.
Peut-être est-ce une nécessité pour vivre , c'est ce que n'importe qui répond au sujet du problème lorsqu'il lui est présenté, mais s'il en est ainsi alors on vit bien.
Le plus étonnant, c'est que malgré cela on se pense au-dessus de la mêlée, et pas qu'un peu.
Déjà qu'on prend la girafe de haut, on imagine ce que ça donne avec la souris.
Un Cro-Magnon dans Lascaux devant ses aurochs se tient d'âme mille fois mieux qu'un neuneu devant sa téloche.
… c'est le contraire de la vie, un avant goût de pissenlit du dernier désagréable.
On ne peut pas comprendre l'homme, on peut juste, vif conseil, s'en méfier, c'est tout.
La cruauté du monde est un problème depuis longtemps par chacun résolu de façon simple : ignoré, tout simplement, n'existe pas, pfuitt ! coup de vent dans la tête, problème suivant.
Au moyen-Age, n'importe qui pris avec une téloche aurait été mis immédiatement au feu avec son engin, l'époque ne plaisantait pas avec les magies et surtout savait les reconnaître.
Ce hold'em est un jeu imbécile. C'es pour ça d'ailleurs que tous les nazes veulent y jouer. Ils ne comprennent rien, mais ils sentent leurs chances supérieures, ils ne se trompent pas. Ce jeu est tellement con que je crains même qu'un jour tout monde s'y mette.
Les coupables depuis les temps n'ont même pas eu leur milliardième de milliardième de puni et encore moins de jugé. N'importe quel livre d'histoire de niveau élémentaire le hurle, il suffit d'y écouter les cris en tournant les pages.
Et puis changer la nature, changer le monde, changer les hommes, c'est du ressort des dieux. Ceux qui ne pensent pas cela sont ceux qui ne pensent pas.
Qu’ils s’étripassent, peu m’en chalait ! Et j’échangeais toutes les morales du monde contre une noix de coco.
A l'enquiquinement boule de neige d'habitude vont plutôt les tracas, c'est leur train, avec en finale pour les cas graves arrivée en case prison ou sapin, selon.
Je venais de prendre des habitudes dans le luxe, j'y avais même développé des aisances, je n'avais pas envie, brutalement en plus, de revenir à du commun.
Pour amuser le peuple, le distraire de l’idée de la mort, que sinon il aurait pu en perdre tout élan, les Romains en leur temps n’ont pas trouvé mieux que l’arène, spectacle un peu cruel, certes, mais pas si bête finalement. Après un combat de gladiateurs ou un repas de chrétiens les masses, les populaires, pouvaient de nouveau s’étriper sans gêne, heureuses, pas du tout ramollies d’un repos, leur nature alors entretenue au mieux, fortifiée même.
Que seuls me jettent la pierre ceux qui à la vue de Ravaillac en train de se plaindre d’une poule au pot trop salée auraient été capables de deviner le destin d’Henri IV. Tous les autres : silence.