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Critiques de Marc Quaghebeur (2)
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Les grands masques

Pourquoi les amants Paul de Cormois et Suzanne Andrieux, rejetons respectifs d’une famille patricienne du Tournaisis et de la petite bourgeoisie bruxelloise, se lancent-ils sur les traces de la génération précédente : le célèbre peintre Ernest de Cormois, oncle du premier ; le docteur Élysée Andrieux, père de la seconde et compagnon de route des communistes ; le docteur Jean Lavigne, ami gaulliste d’Élysée, exécuteur d’un rexiste et mari de Milena Lilienfeld, l’ultime témoin – militante marxiste, espionne roumaine, et intellectuelle de haut vol, qui a entretenu avec tous ceux-là des relations ambiguës ? Ombres qui s’estompent dès qu’on croit en cerner les contours, autour desquelles gravitent ou ont gravité des êtres ancrés dans l’histoire tumultueuse du XXe siècle, fascisme, communisme, gaullisme, résistance et collaboration, décolonisation, pillage du tiers-monde, révolutions artistiques.

Certes, Paul est l’exécuteur testamentaire de l’œuvre de son oncle, mais on entrevoit que le moteur de cette quête est aussi d’un autre ordre. On sent nos enquêteurs fascinés par une époque révolue, où la destinée individuelle s’imbriquait dans la destinée collective, où les hommes, façonnés par l’Histoire, s’efforçaient en retour de la façonner, illusion plus enthousiasmante que la morne lucidité de n’avoir aucune prise sur elle.

J’y vois un sentiment propre à la génération de l’auteur et de ses personnages : la nostalgie envers leurs prédécesseurs qui, dans des circonstances autrement pénibles, prenaient de véritables risques pour faire triompher leurs conceptions de l’humanisme, aussi diverses, voire opposées qu’elles fussent. Quitte, et c’est un drame pour l’humanité, à les renier en cours de route au nom des intérêts supérieurs du combat qu’ils menaient en leur faveur. Nous avons trop observé de ces reniements pour encore être dupes, nous avons assisté au délitement des espoirs que la victoire sur le nazisme avait générés, les avons vus se perdre corps et âme dans le tout-au-profit. Ils nous laissent avec, dans le meilleur des cas, le désenchantement ; dans le pire le cynisme.

Dans cette saga familiale éclatée, brassant l’histoire de tout un siècle, où nous entraîne Marc Quaghebeur, il s’agit moins d’une énigme qu’un enquêteur – et le lecteur par-dessus son épaule – aurait à résoudre, que d’un puzzle dont il manquera toujours des pièces et dont nous ignorons tout de l’image à reconstituer. Les personnages ne se révèlent que par éclairages furtifs, camouflés en permanence derrière divers masques – d’où le titre –, dans la vision tronquée que veulent bien révéler d’eux ceux qui les ont connus.

Au terme d’un récit à la structure complexe, où alternent journal intime dialogue, narration « de l’extérieur », lettre, fax, SMS et courriel, nombre de questions resteront sans réponse, du moins sans réponse essentielle, comme au terme de toute vie. On saura des personnages une série d’actes aux motivations peu déchiffrables, de « productions », notamment artistiques, de relations où s’interpénètrent sentiments et action politique, hasards et rencontres planifiées, mais rien de fondamental sur ce qu’ils étaient vraiment, le moteur interne de ces actes, l’âme de ces productions, la chair de ces rencontres. On ne peut que projeter sur eux sa propre vision du monde, encadrée par les éléments objectifs distillés au compte-goutte. Si vérité il y a, celle-ci est multidimensionnelle.

Qui connaît l’œuvre de Marc Quaghebeur aurait pu imaginer que ce premier roman serait œuvre d’un poète qui se confronte à la narration. Il n’en est rien, si ce n’est parfois lors de l’évocation d’œuvres plastiques, littéraires ou théâtrales : nous avons affaire à un authentique et complexe travail de romancier qui se situe, pour citer Aragon, évoqué à plusieurs reprises, dans « le monde réel ».

« Les grands masques » est un roman exigeant, dense et complexe, où chaque phrase est façonnée au laser pour s’insérer dans la mécanique narrative. Mieux vaut que s’abstiennent les amateurs des circumnavigations de son Ego qui encombrent les catalogues du prêt à écrire. Les autres y trouveront un bonheur de lecture et de réflexion, exacerbé par une frustration bienvenue chaque fois que l’on a cru percevoir quelque chose et se rend compte que la réalité est encore au-delà, sans doute inaccessible.
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Il y a quarante ans : Suivi de Galerie priv..

Le récit, sobre et poignant, du séjour que firent Maria Van Rysselberghe (née Maria Monnom) et Émile Verhaeren, à la Côte belge, (mais où? Je ne le sais pas, peut-être du côté de Knokke le Zoute?) Dans la petite maison flamande des Van Rysselberghe.



Maria Van Rysselberghe était éprise de Verhaeren, marié avec Marthe Massin (qui lui inspira les Heures), alors qu'elle-même était mariée au peintre pointilliste Théo Van Rysselberghe. Une femme - et une chroniqueuse - à la personnalité peu commune. Les Van Rysselberghe eurent une fille, Élisabeth, avec laquelle André Gide eut une fille à son tour, Catherine Gide. Mais on n'en est pas encore là.



Maria Van Rysselberghe restitue les promenades dans les dunes, le long de la mer, et une journée à Bruges. Le soir, le poète lisait à voix haute et ils échangeaient leurs impressions communes.



Lorsque Marthe Verhaeren rejoignit son mari, et Théo Van Rysselberghe, son épouse, la relation entre le poète et la narratrice prit fin (mais pas l'amitié...) c'est un récit pudique, qui ne soulève pas le voile sur une éventuelle intimité physique, Mais peu importe, l'essentiel s'étant situé bien au-delà...



Si je pouvais écrire un aussi beau récit, déjà rien qu'avec ce titre, tellement évocateur, je serais rudement contente...



Maria Van Rysselberghe fut aussi l'auteur des Cahiers de la petite Dame, dans lesquels elle consigna scrupuleusement les faits et gestes d'André Gide, jusqu'à la fin de sa vie, lui-même très proche de plusieurs artistes belges de cette époque. Théo Van Rysselberghe, Jean Vanden Eeckhout, Zoum Walter, etc.
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