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Citation de Partemps


Il faut être très clair là-dessus : voilà un dieu qui ennuie ou qui fait peur. Aujourd'hui, son seul nom fait bâiller une classe entière. Le pire semble inévitable : la supériorité morale, le savoir éloigné, la grandeur de l'antique, l'Académie et son cortège. Dans l'immédiat, la faute en est à Winckelmann, professant à ses propres fins, fort estimables par ailleurs, que « décrire Apollon exige le style le plus haut : une élévation au-dessus de tout ce qui est humain ». Il est fâcheux qu'on l'ait cru sur parole si longtemps. Quant à la peur, elle ne guette que l'historien affronté à la peine que semble infliger assurément un dieu omniprésent en Grèce, depuis la cité d'Homère jusqu'à la bourgade la plus modeste.
Je n'aurais donc jamais eu l'idée saugrenue de prendre Apollon comme objet d'expérimentation dans le champ polythéiste si, un jour, par le plus heureux des hasards, je n'avais rencontré, entre Pyla et Delphes, un Apollon des cuisines, édifiant pour son plaisir des autels de cendres et de sang, et si vivement désireux d'égorger son ennemi le plus cher en sa propre demeure. Ce « grand dieu », canonisé depuis toujours, et déjà de l'intérieur – Pindare et Platon avaient précédé Winckelmann et Walter F. Otto –, il faut décidément le prendre de biais, par surprise, de nuit, dans les endroits louches, dans les coins où aime rôder le Seigneur de Delphes, celui qui se fait appeler Loxías, le « Tordu », l'« Oblique ». Au milieu de ses garçons bouchers, Apollon dit le Grésillant…
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