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Mais voici venir un grand jeune homme pâle, aux traits minces, aux mèches flottantes, l'oeil enfoncé dans l'orbite et les lèvres incolores ; il s'appuie amicalement sur l'épaule de son compagnon. Il déambule comme une ombre, et la voix dont il parle est blanche.
— Crois-tu, commence-t-il, que cet étalage de couleurs m'horripile et me fatigue ! Ce bariolage carnavalesque de vermillon, de cobalt, d'émeraude, de violet et d'orange me donne sur les nerfs ; mon oeil en souffre, comme mon oreille d'une barbare cacophonie. J'ai l'impression d'être à la halle aux criées ou dans un meeting anarchiste. Ce n'est que vociférations, invectives, interpellations bruyantes ! Même ceux dont la voix est naturellement plus douce élèvent le ton pour le faire entendre. La simple et pure chanson de l'artiste est étouffée dans ce vacarme. L'Art se passe de toute cette mise en scène ; il n'a que faire de cette débauche de colorations !
— Tu oublies, cher ami, risque timidement son compagnon, que nous sommes dans un Salon de peinture.