"Le faible est destiné à périr, car la vie n'aime que les forts". Tel un disciple nietzschéen, imprégné de ce précepte du docteur Alexis Carrel, j'ai nourri mes rayonnages de tous les doctes ouvrages enseignant la culture (physique) de soi.
Il m'apparut que l'Enfer d'une bibliothèque -pavé de nobles et viriles intentions- n'était pas nécessairement celui que l'on escomptait. Foutre ! en aurait, de dépit, laissé échapper le divin marquis.
Je tentai donc de m'arracher à la gangue de mon inertie naturelle et, bien qu'inhibé par un souci de perfectionnisme ontologique, pour faire cependant honneur aux sollicitations livresques, fis l'acquisition d'un banc de musculation et d'une tour à poulie, agrémentés de nombreux haltères ; le tout campant dans la même pièce, qui, au demeurant sert également de literie zen, façon futon. Ainsi doté, je me pensai l'heureux gardien d'une bibliothèque "d'honnête homme" mais, lors de sa visite, un ami, avisé lettré, laissa échapper que j'étais le receleur d'une bibliothèque de "happy few" et peut-être avait-t-il dit "fou"...
Marcel Rouet (ça remonte) était le pape du culturisme et le père d'une famille recomposée, un peu foutraque, de psychosomatique, de psychomorphosynthèse appliquée à la culture humaine...
Prudent, je m'en tins à sa méthode de culture physique dite "la bible de l'athlète" et m'abîmai dans d' infernales séries de squats, "rep de pecs", fentes, crunchs, abdo-fessiers, ciblant sans relâche les régions dégénérées de ma plastique.
Las... même l'injonction du Dalaï-lama :"Soignez votre corps, afin que votre âme souhaite y demeurer" n'aura su se faire stimulante. D'entraînements éreinté, j'ai fait mon deuil de cette aspiration qu'un jour on m'appelât le nouvel Apollon du Belvédere et, bible refermée, me résous à demeurer l'avorton des solitudes...
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