Provisoires amants de nègres
... Ici les rivières n’ont plus de nom — Le pays cherche
encore sa lumière — Nous sommes sans nouvelles de nos
ancêtres
Nous nous sommes arrêtés ici — Sans nous connaître
nous nous rassemblons — nous échangeons nos souvenirs
de guerre — nos plaies ne sont pas les mêmes elles se cica-
trisent — nous ne sommes pas seuls
Nous sommes dans un pays gelé
*
À chaque pas le paysage s’interrompt — l’automne
accueille les adieux — puis nous nous endormons de
tristesse
Ici les rivières perdent jusqu’à leur nom — nous nous
baignons dans un lit d’eau anonyme — nous oublions de
vivre — nous sommes seuls…
p.18-19