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Citation de Aupaysdesbooks


Ce matin, au moment de répandre les cendres, un halètement du vent dans le feuillage en avait ramenées

une partie dans ma direction. C'était une cendre toute blanche qui m'avait effleuré les mains et s'était posée sur mes avant-bras. L'incident avait échappé aux autres et je n'avais pas cru opportun de leur en parler.

Moi-même, je n'y avais pas repensé jusque-là. Mais, à présent que j'avais retrouvé ma soeur et mes frères, je ne cessais de réfléchir à cette infime poussière de mémoire qui s'était posée sur mes avant-bras. Et, subitement, il me semblait inconcevable de garder cela pour moi.

Je me disais qu'il fallait que j'en parle, que je leur explique qu'une partie des cendres de notre père n'avait pas regagné la terre et le maquis de Toscane, mais qu'elle était venue se coller à moi. Qu'elle m'était retournée comme une ultime étreinte. Je me répétais qu'il fallait absolument que je leur raconte, mais je ne parvenais pas à m'y résoudre.

Raconte leur ! Mais ils sont trop loin, ils ne m'entendront pas avec les vagues, plaidais-je. Appelle les !

Raconte leur ! Non, me disais-je. Parce qu'en parler reviendrait à donner une importance exagérée à l'épisode, me convainquais-je. Et que c'était comme une manière de m'accaparer je ne sais quelle part de l'affection de notre père que je ne méritais pas davantage que les autres.
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