Critiques de Margaret A. Salinger (2)
« Je me suis longuement, patiemment penchée sur ma propre vie pour en arriver à la conclusion que j’avais assez perdu de temps à incarner les rêves de quelqu’un d’autre. Si je devais continuer à vivre, ce serait à ma façon. »
Margaret (Peggy) Salinger s’est longtemps référée à la posture paternelle dans sa vie, vouant un culte inconscient à un faux dieu, s’obstinant à faire partie du club de son père dont les membres n’étaient pas si nombreux après tout, voire même inexistants.
L’attrape-rêves, c’est l’opération cathartique menée par la fille du célèbre Jerome David Salinger, en vue de se purger de néfastes influences parentales accumulées durant l’enfance et l’adolescence, que la psychothérapie avait déterrées et qu’il lui fallait évacuer pour tracer sa voie. Et à contrario, Peggy a abordé le sujet frontalement dans l’autobiographie, laissant son père se cacher dans ses fictions.
Joyce Maynard avait évoqué sa rencontre et sa liaison avec l’écrivain reclus dans son livre Et devant moi le monde; Margaret Salinger va encore plus loin dans l’analyse de l’homme du quotidien. Elle a épluché sa correspondance archivée, relu ses romans et ses nouvelles, questionné sa mère Claire, sa tante Doris et son frère Matthew, et retourné toutes les pierres de ses souvenirs afin de comprendre le dysfonctionnement qui touchait sa famille.
Quelques longueurs dans le récit ne sont pas parvenus à me désintéresser du propos, même si parfois le caractère fort intime des confessions m’a provoqué gêne et embarras. C’est souvent le cas lorsqu’on déboulonne un mythe.
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Une fille prend à bras le corps un mythe vivant, son père, et en retrace l'histoire, qui est donc aussi sa propre histoire.La simplicité et l'humilité de la démarche, jointe à la carrure monumentale du sujet, font que que ce livre trouve, au-delà des admirateurs de Salinger, son public.
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