Margaret Zennaro

Un petit extrait :
Des nattes sont déposées au centre d’une petite clairière entourée d’arbres. Les Civilis arrivent en rang, ils avancent lentement, l’un d’eux jette des regards curieux de droite à gauche. Une femme d’un certain âge a bien précisé qu’ils seraient relâchés après cette soirée. Peut-il leur faire confiance ?
Il se sent un peu hésitant et très intimidé. Il vient d’avoir 18 printemps, il s’appelle Emeric. Avec ses yeux bleus et les cheveux châtains mi longs, il est d’une indéniable beauté, pourtant il n’a pas encore pris femme. Bien que parfois il en ait ressenti l’envie, il s’est toujours refusé à fréquenter la maison close.
Dans sa cité, les viols sont devenus plus rares, mais ne sont pas punissables par la loi. Emeric réprouve cette règle qui autorise tout homme à abuser d’une femme. On lui demande à présent de presque violer une jeune fille inconnue qui serait consentante, mais il trouve cela très malsain. Ils ont été mis en garde contre ces femmes, et dans leur village des hommes, prisonniers, seraient traités en esclaves. Il ne doit penser qu’à sa liberté, et faire ce qu’on lui demande pour quitter cet endroit au plus vite. Il essaye de s’en persuader.
Elle est allongée devant lui, nue les yeux clos. Il se met à genoux et fixe son visage. De longs cils clairs ornent ses paupières qui vibrent par instant. Elle a de jolies lèvres roses légèrement écartées, et une ride marque son front auréolé de fils d’or.
Il balbutie quelques mots :
Bonjour, mon nom est Emeric… Et il attend en vain une réponse qui ne vient pas.
Le visage de la jeune fille le trouble, il n’arrive pas à se concentrer. « Elle a l’air si jeune et si fragile, pense-t-il ».
Il se ressaisit, il sait qu’il doit la prendre, s’il abandonne, les conséquences peuvent lui être fatales.
Déjà, les anciennes du conseil le fixent intensément. Il ne peut se dérober. Alors il ferme les yeux un instant, il faut qu’il arrête de se poser des questions.
Il regarde à présent le corps de la femme, ses courbes gracieuses si attirantes. Il avance une main malhabile sur sa peau ambrée, et doucement il la caresse.
La ride s’efface doucement, mais il ne l’a pas remarqué, il se concentre sur la fille dénudée, ses cuisses fermes et musclées, un léger duvet de poils tendres et de petits seins naissants. Tendrement, il la touche encore. Et le désir monte en lui. Il la pénètre alors de toute la douceur dont il est capable.
Il lui chuchote faiblement à l’oreille
Excuse-moi
Rhéa ouvre les yeux, surprise par une fugitive douleur qui s’efface à présent. Son corps suit malgré elle les mouvements du jeune homme. Leurs regards se croisent. Elle l’accepte. Il le devine. Et ses remords s’envolent.
La nuit tombe. La soirée de conception s’est déroulée sans problème.