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Même s’il ne l’égalait pas totalement en taille, sa rude silhouette camouflait Maylie à la vue de son coéquipier. Ainsi, cette dernière put aisément reposer le téléphone à l’endroit précis où il l’avait laissé et se rouler en boule près de la fenêtre. Elle ferma les yeux pour feindre ne jamais avoir quitté le pays des rêves.
 — Tu pouvais attendre trois secondes, marmonna Nathan avec mauvaise humeur.
 Elle l’entendit s’affaisser lourdement sur son siège et attraper son téléphone sans prendre la peine d’étouffer le bruit pour ne pas la réveiller. Elle attendit, immobile et silencieuse, les paupières closes.Il ne se passa rien.
 « Pourvu que Léna ait ce message. Et qu’elle n’y réponde surtout pas, sinon je ne donne pas cher de ma peau. »
 Liam revint au bout de cinq minutes qui parurent interminables à la jeune fille. À force de s’intimer l’immobilité la plus totale, elle avait l’impression de trembler comme une feuille et craignait surtout d’avoir perdu sa crédibilité. Lorsque Liam regagna sa place, elle hésita un long moment à mimer le réveil. Le courage lui manquait cruellement.
 Au bout de plusieurs longues minutes, avant même qu’elle ne se soit décidée, Nathan brisa le silence de sa voix grave et basse.
 — Si ce n’est pas toi qui as tué Rose, je dis bien si, alors tu dois savoir qui est le véritable coupable.
 Maylie frémit. Dans sa panique, dans la précipitation, elle avait oublié ce sujet de discorde entre les deux hommes, un sujet loin d’être anodin et qu’elle regrettait maintenant de ne pas avoir pris en compte. Obnubilée par la pensée que son grand frère avait besoin de son aide, elle n’avait pas pesé cet argument dans la balance. Et s’il avait joué en leur défaveur ?
 Le silence fut quasiment complet pendant un très long moment qui inquiéta légèrement Maylie. Elle s’efforçait de ne pas bouger, pratiquement certaine que Liam attendait un signe de sa part l’incitant ou non à répondre. Elle contraignit ses muscles à se détendre, sa respiration à s’apaiser, sa poitrine à s’élever à un rythme profond et régulier, son visage à se décrisper. Tous les paramètres du sommeil étaient enclenchés. Elle ne méritait sans doute pas l’Oscar de la meilleure comédienne mais sa prestation valait son pesant d’or... et porta finalement ses fruits.
 — Je n’en ai aucune idée, admit Liam à mi-voix. Mais quand je le saurais... il le paiera. Cher.
 — Rien ne me prouve que ce n’est pas toi, et mon avis n’a pas changé. Mais j’avais pour mission de te surveiller, pas de te régler ton compte.
 Il y eut un petit rire narquois, qu’elle mit du temps à identifier comme celui de Liam car elle ne l’avait encore jamais entendu se moquer de cette façon.
 — Ce serait bien la première fois que tu obéis aux ordres sans en faire qu’à ta tête. En fait, ça n’est jamais arrivé, puisqu’en me trouvant tu as adopté la stratégie « on frappe d’abord, on fait parler après ».
 — Frapper contribue souvent à faire parler, cingla Nathan sans élever la voix. Tu es une preuve parmi tant d’autres.
 — Je n’ai pas parlé, puisque je n’ai rien à garder secret. Je l’ai dit et je le dirai toujours : je n’ai pas tué Rose.
 Un reniflement dédaigneux.
 — Les conseillers en jugeront.
 Nouveau silence.
 — Est-ce qu’ils ont interrogé Garin ?
 — Pourquoi ça ?
 Liam ne répondit pas. Alors que Maylie craignait que Nathan n’apprécie pas son silence, ce fut justement lui qui, à sa grande surprise, céda en premier.
 — Tout le monde va l’être. Mais pour le moment, non, Garin n’a pas été interrogé. Pourquoi ? persista-t-il avec dureté. C’est ton complice et tu crois qu’il va te dénoncer ?
 Maylie n’osait pas entrouvrir les paupières ne serait-ce que d’un millimètre de peur de se faire surprendre, mais elle imagina Liam lever les yeux au ciel.
 — Non. Mais il a des choses à cacher.
 — Tout le monde a des choses à cacher, le rabroua férocement Nathan. Sans exception. Est-ce pour autant un mobile de meurtre ?
 — Chez certains, oui.
 — Pourquoi Garin ?
 Une pause.
 — C’est un enfoiré.
 — Mais encore ?
 — C’est tout ce que tu as besoin de savoir.
 Il y eut un bruissement que Maylie fut incapable de reconnaître. En revanche, lorsque Liam reprit la parole, ses mots étaient étouffés.
 — Mais encore ? s’entêta Nathan d’une voix devenue tranchante comme une lame de poignard.
 — Je ne t’en... dirai pas plus. Tu... tu n’as pas besoin de le savoir. Putain... lâche-moi !
 — J’insiste.
 Liam laissa échapper un grognement farouche, signe que Nathan avait accentué la pression, quelle qu’elle soit, sur une partie sensible de son anatomie.
 — J’irai voir... les conseillers, mais je... ne te dirai rien... à toi...
 Maylie tressaillit. Elle ne pouvait quand même pas assister, impuissante, à la strangulation en direct de ce pauvre Liam ! Pourtant réagir s’avérait encore plus dangereux. Tout du moins, leur faire comprendre qu’elle était éveillée ne jouerait pas en sa faveur, ni en celle de Liam.Elle tergiversait encore lorsqu’un feulement horriblement semblable à celui d’un chat en colère retentit. D’instinct, elle gémit et bougea légèrement contre la vitre, les sourcils froncés comme si elle était en proie à un cauchemar. Son intervention, bien que discrète, instaura le calme le plus total en face d’elle, figeant probablement les deux acolytes en plein geste. La respiration saccadée, elle remua encore quelques secondes puis fit mine de replonger dans son songe. Le silence revint le temps d’une dizaine de battements de son cœur effrayé. Puis il y eut un autre bruissement qui signifia à Maylie que Nathan s’écartait enfin de son équipier.
 — On réglera ça plus tard, gronda-t-il, manifestement mécontent d’avoir été interrompu. Pour le moment, on a un truc plus urgent sur les bras.
 Liam inspira bruyamment, comme s’il reprenait son souffle.
 — Ce n’est pas un truc.
 — C’est une morveuse.
 — C’est une passeuse, et à ce titre elle mérite respect et protection, mais ces deux mots ne font pas partie de ton vocabulaire.
 — Ce n’est pas une passeuse, c’est une petite idiote qui a foutu le feu à sa maison, et à ce titre tout ce qu’elle mérite c’est désintérêt et correction. Elle n’a rien à faire dans ce train.
 Liam ricana.
 — Pourtant, c’est toi qui es responsable de sa présence ici. À en juger par ta prestation, tu as changé d’avis à son sujet après avoir découvert sa tache de naissance. Ne me fais pas croire que tu penses encore que j’ai tort. J’ai raison et tu le sais. Pour preuve, tu as bafoué toutes les règles de stratégie pour la convaincre de nous suivre.
 — Ton insistance puérile m’a contraint d’employer les grands moyens pour te fourrer tes propres erreurs sous le nez, riposta Nathan d’un ton glacial. Dans une demi-heure, je te prouverai que tu avais totalement tort à son sujet devant la Résidence entière. Cette fille s’est arrangée pour foutre le feu à sa baraque et fuguer comme une gosse capricieuse. Tu ne tireras rien d’elle, on perd notre temps.
 De toutes ses forces, Maylie tenta de contenir la colère qu’elle sentait bouillir dans son ventre et qui faisait hérisser les poils de ses bras.
 Petit rire moqueur.
 — On en reparle dans une demi-heure, alors.
 — Tu veux parier ?
 Un ange passa.
 — Combien ?
 — Trente minutes.
 Il y eut un grognement étouffé aussitôt suivi d’un ricanement méprisant.
 — C’est trop pour toi ?
 — Non, le détrompa Liam, mais son ton manquait terriblement de fermeté.
 Une expiration.
 — Pari tenu.
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