Dans le bas d'une vitrine, sculptée par mon grand-père, que maman m'a donnée quand j'étais jeune mariée, j'ai entassé des lettres personnelles et des journaux intimes. Je les aurais volontiers jetés, mais mon mari les a préservés de déménagement en déménagement.
Je suis d'une nature jeteuse depuis que j'ai lu sous la plume de je ne sais quel crétin misogyne, peut-être Montherlant, que les femmes gardent les lettres qu'on leur a envoyées comme la preuve qu'on les a aimées. Et parce qu'un autre crétin misogyne, ou bien le même, a remarqué que le point d'exclamation était la ponctuation préférée des jeunes filles qui tiennent un journal intime, je n'ai jamais souhaité relire les miens.
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