- C'est pas si simple que ça.
- C'est moi, Simple.
- Eh bien, moi, je m'appelle Compliqué.
Pendant les 15 jours qui suivirent, les deux frères firent des efforts pour ne pas se heurter. Lorsque Siméon, lisant Nietzsche, voyait son frère relire son Spirou, il se permettait tout juste de lui demander affectueusement :
- Tu n'avais pas bien compris la première fois ?
A quoi Bart répondait, non moins affectueusement :
- Je t'emmerde. "
Bart s'assit dans le fauteuil et les deux frères se regardèrent. Un même sourire les unit ou la tendresse se mêlait à la moquerie.
-Merci pour tout, dit Siméon
-Merci pour le reste.
Merci d'être entré dans ma vie sans crier gare. Merci d'en avoir changer le cours et de m'avoir changé. Mais tout cela ne s'avoue pas quand on est le frère aîné, Bart n'ajouta rien.
« Je suis dans ma vingt-troisième année. Mais je me sens plus âgée. Et pourtant, je n’ai presque rien vécu. Les années immobiles comptent peut-être doubles. » (p. 425)
K.A.
Nous sommes tous dans la boue, mais certains d'entre nous regardent les étoiles.
Moi
C'est de Mr Wilde ?
K.A.
Oui.
Moi
Pourquoi me dites-vous cela ?
K.A.
Parce que je pourrais descendre en Enfer avec vous, je verrais toujours le Ciel...Pardonnez-moi, je n'ai pas déjeuné. Je suis toujours romantique quand j'ai l'estomac vide. Le bonjour, Miss Tiddler.
- J'ai fini mon dessin ! annonça joyeusement Élodie.
- Viens nous le montrer, l'invita Saint-Yves.
Elle avait dessiné six bonshommes.
- Tu nous expliques ?
- Oui, alors, là c'est papa avec moi, dit-elle en désignant un grand et un petit bonhomme se donnant la main. Mylène, elle est partie faire du skate.
- D'accord.
- Là, c'est maman et sa copine.
(..)
- D'accord.
- Et là, c'est Lucile, conclut la petite en désignant un bonhomme à longs cheveux jaunes.
- Et alors moi, j'existe pas ? se récria Marion, réellement outrée.
- Oups, fit la petite, qui courut avec sa feuille vers la table à dessiner.
Elle revint bientôt, triomphante, ayant ajouté un carré avec des boutons.
- C'est moi, ça ? s'étonna Marion.
- C'est ton téléphone. Tu es derrière.
- Qu'est-ce qu'elle a ? Est-elle malade ?
- Elle est folle. Elle récite du Shakespeare au milieu de tout un ramassis de bestioles !
J'ignore d'où elle tenait son information, mais je dus reconnaître que que c'était un assez bon résumé de ma vie.

Après avoir avalé un kilo de nouilles à eux deux, ils se retrouvèrent dans la minuscule chambre que la grand-tante avait mise à leur disposition. Kléber sortit son téléphone portable. Simple l'épiait toujours.
- T'as un téphélone, toi, dit-il d'un ton d'envie. Pourquoi j'ai pas un téphélone ?
- Parce que tu es trop petit, répondit distraitement Kléber. Alors, 01... 48...
- 12, 3, B, 1000, 100.
Kléber se passa la main sur le front. son frère l'avait encore embrouillé. De toute façon, à quoi bon appeler leur père ? Monsieur Maluri ne connaissait qu'une solution : l'institution. Il lui dirait de remettre Simple à Malicroix.
- Coucou ! fit une voix malicieuse.
Simple, assis en tailleur sur le lit, cachait quelque chose derrière lui. Il répéta "coucou" sur un ton prometteur. deux oreilles de tissus flasque et grisâtre dépassèrent de son dos. Il les agita.
- Manquait plus que lui, marmonna Kléber.
- C'est qui ?
- Je ne sais pas.
Il fallait faire durer le plaisir.
- C'est avec "in" dedans, dit Simple.
- C'est un lutin ?
- Non !
- C'est un requin ?
Simple s'étouffait de rire.
- C'est monsieur Pinpin ?
- Ouiiii ! hurla Simple en brandissant un vieux lapin en peluche dont les oreilles avaient la tremblote.
" J'ai besoin des livres de jeunesse. Ils me donnent à profusion ce que les livres des grands cèdent si chichement : l'optimisme. "
Il est plus facile de se dire sans valeur que de se battre pour prouver qu'on en a.