Marie Bruet

Les yeux fermés, je laisse la musique entrer en moi. Les mouvements me viennent doucement. Une ondulation du bassin, puis les épaules et les bras qui suivent jusqu’au bout des doigts. Je me laisse porter par le désir de celui qui joue, et que je ne connais pas, peut-être pendant dix ou vingt minutes. Je sens une chaleur m’envahir, je sens une chaleur m’envahir et je l’attribue aux corps qui m’entourent. Puis, c’est un souffle sur ma nuque et une présence qui se précise. J’ai très envie d’ouvrir les yeux, mais le moment est si rare que je veux le faire durer encore un peu. Une main me frôle la hanche et une sensation électrique se propage le long de ma cuisse. Ce geste m’est destiné, il n’est pas le fruit du hasard. Je relâche ma main, mon articulation se délie et, dans un mouvement naturel, mes doigts effleurent cette main. Je perçois un sourire étouffé dans une expiration. C’est lui. Avec une délicatesse infinie, je balance alors ma tête en arrière. Son index se pose sur ma hanche. Il se retient d’aller plus loin et de donner un sens à son geste. Pour l’instant, il n’y a rien. Pour l’instant, ce n’est que le rythme de la musique qui nous oblige à nous frôler. Je sens son souffle si près de ma nuque que cela en devient vertigineux. Le rythme de sa respiration se modifie. Son index se pose sur mon coude. Je laisse alors mon corps se poser sur le sien très lentement, mon crâne frôle sa bouche et son nez. Il pose le bout de ses doigts sur ma hanche avec une infinie délicatesse, la serre et me murmure : « Arrête s’il te plaît… J’y vais, j’y vais… ». Je ne bouge plus.

Les yeux fermés, je laisse la musique entrer en moi. Les mouvements me viennent doucement. Une ondulation du bassin, puis les épaules et les bras qui suivent jusqu’au bout des doigts. Je me laisse porter par le désir de celui qui joue, et que je ne connais pas, peut-être pendant dix ou vingt minutes. Je sens une chaleur m’envahir, je sens une chaleur m’envahir et je l’attribue aux corps qui m’entourent. Puis, c’est un souffle sur ma nuque et une présence qui se précise. J’ai très envie d’ouvrir les yeux, mais le moment est si rare que je veux le faire durer encore un peu. Une main me frôle la hanche et une sensation électrique se propage le long de ma cuisse. Ce geste m’est destiné, il n’est pas le fruit du hasard. Je relâche ma main, mon articulation se délie et, dans un mouvement naturel, mes doigts effleurent cette main. Je perçois un sourire étouffé dans une expiration. C’est lui.